Ahmed Ouyahia, le « Nicolas Sarkozy algérien » ?

En septembre 2012, de nombreux observateurs ont prophétisé la mort politique d’Ahmed Ouyahia, remplacé à la tête du gouvernement par Abdelmalek Sellal. Ahmed Ouyahia quitte alors le pouvoir à la suite de sérieuses tensions avec la Présidence et les cercles proches d’Abdelaziz Bouteflika. On lui reproche sa proximité avec le général Toufik, l’ex-patron du DRS, et l’establishment militaire, ainsi que son incapacité à gérer les gros dossiers de politique étrangère. Sa traversée du désert va durer deux ans, jusqu’à ce que le clan Bouteflika vienne à nouveau le chercher pour s’occuper de faire passer un quatrième mandat. Ouyahia accepte et se retrouve propulsé à la tête du cabinet du palais d’El-Mouradia à la suite de l’élection présidentielle de 2014. Un poste qui signe son retour sur la scène politique et qui lui permettra surtout de nouer d’importantes relations avec les grandes chancelleries occidentales. Et d’apparaitre comme l’homme clé en Algérie du délicat dossier libyen pour lequel il sera le principal interlocuteur des différentes factions libyennes. Une expérience unique qui lui ouvrira bien des portes à l’international et l’imposera comme l’un des hommes politiques algériens les plus madrés.

Dans l’ombre d’Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia en profite également pour parfaire sa connaissance des lobbies français avec lesquels il était en conflit permanent lors de sa carrière ministérielle et ses relais dans le monde des affaires lui vaudront le surnom de « Nicolas Sarkoy algérien ». Il introduit ses deux fils Lamine et Abdelhakim dans les plus hautes sphères de la vie économique ce qui leur vaudra de connaitre quelques beaux succès, tandis que son épouse investit dans le secteur du BTP. Ouyahia redevient incontournable , à tel point qu’il sera celui qui règlera la crise entre le richissime homme d’affaires Issad Rebrab et la présidence de la République.  Pour chaque grande décision économique, à chaque loi de Finances, Ahmed Ouyahia est consulté et écouté.

Depuis le début de l’année, il est l’allié des Bouteflika dans une Algérie marquée par les doutes et les soubresauts économiques, et sur le plan politique, il est celui qui en deux ans aura réussit à entièrement pacifié le RND. Au sein de la deuxième formation politique du pays il ne fait depuis longtemps guère de doute que Ahmed Ouyahia sera un jour le successeur de Abdelaziz Bouteflika, un sentiment aujourd’hui largement partagé au-delà du simple cadre du RND. En remplaçant Abdelmadjid Tebboune à la tête du gouvernement, beaucoup ont pensé qu’il s’agissait d’un piège pour lui. Le nouveau Premier ministre hérite certes d’une situation économique compliquée, mais comme Nicolas Sarkozy en son temps, il aura à gérer une transition délicate en 2019.

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