L’étau se resserre autour de Rached Ghannouchi

Figure du pouvoir depuis 2011, Rached Ghannouchi est désormais dans l’œil du cyclone.Le séjour politique de l’icône religieuse, envenimé par un bilan très controversé à la tête du perchoir et de multiples dépassements de prérogatives, risque de mal tourner.

Au Parlement, la présidente du Parti Destourien Libre, Abir Moussi a relancé la motion de censure pour écarter le leader islamiste, adepte de l’idéologie des Frères musulmans. Si Moussi a souvent été critiquée par une large partie de l’opposition, elle peut compter sur le soutien inattendu de l’impassible Samia Abbou dans sa guerre contre Ghannouchi. Pour la députée du Bloc Démocratique, le leader islamiste tente de soumettre la Constitution à ses propres intérêts : “le président du Parlement a dépassé ses prérogatives, sa présidence est honorifique, toutefois il se prend pour le sultan Soliman”.

Désormais sur un siège éjectable au Bardo, le président du parti Ennahdha est taxé de « putschiste » après sa dernière sortie hostile à Kaïs Saïed, concernant le régime politique en place, le rôle “symbolique” du président de la République et le mercato ministériel. En réponse à la pique de son ennemi, le président Saïed s’est offert un bain de foule à l’avenue Habib Bourguiba, où ses sympathisants clamaient la dissolution du Parlement. En effet, l’icône religieuse est aussi dans le collimateur de Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale syndicale, pour qui, le parti islamiste, à l’origine de l’imbroglio actuel, forme avec Qalb Tounes et Al Karama “la coalition du mal”, un gang.

Même au sein de son mouvement, Rached Ghannouchi est très contesté pour sa volonté d’éterniser son règne en maître absolu, son clan familial et ses orientations nationales. Symbole de tyrannie, pour certains dirigeants, il a été mis en garde par Lotfi Zitoun, responsable démissionnaire, d’éviter le même sort que l’ancien président déchu, Ben Ali. “La solution à la crise actuelle consiste en une nouvelle vision, loin de l’image classique des partis et le pouvoir peut et doit être sans le mouvement d’Ennahdha… Car dix ans après la révolution, il est nécessaire de procéder à une véritable évaluation”, analyse-t-il.

Ainsi, faut-il rappeler à Ghannouchi la célèbre citation de Winston Churchill : “mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge”.

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