Relations avec le palais et élections : Les paris gagnants du chef du gouvernement marocain

C’est un fait nouveau sur la scène politique marocaine. Le chef du gouvernement et son parti islamiste qui ont été jusque-là considérés comme une « bizarrerie » qui fera son temps, sont devenus incontournables. Premier fait important, les relations d’Abdelilah Benkirane avec le palais et avec le carré royal sont jugées comme étant cordiaux à plus d’un niveau. Selon une source bien informée à Rabat, même si une partie du Makhzen est tenté d’affaiblir le PJD, il y a aujourd’hui comme qui dirait une conscience au sein de la technostructure marocaine de l’importance de ce parti dans la conduite des réformes économiques et sociales. En effet, depuis le remaniement ministériel intervenu il y a pratiquement un an et demi, le gouvernement mène tambour battant, un train de réformes cruciales pour le pays. D’un autre côté, le roi Mohammed VI semble de plus en plus « à l’aise » dans ses relations avec son chef du gouvernement, qui à son tour multiplie « les actes d’allégeances » politiques. Dans ces récentes interventions devant les instances de son parti, Abdelilah Benkirane n’hésitait pas à évoquer « l’Etat alaouite » en parlant de l’Etat marocain. Une phrase qui dans la bouche du Chef du gouvernement signifie que la monarchie est l’essence même de l’Etat. Un autre événement qui est passé inaperçu a participé à la lune de miel actuelle entre le palais et le chef du gouvernement. Le PJD a décidé de son propre gré de ne couvrir que 50 % des circonscriptions électorales lors des prochaines communales. Un acte visant à rassurer ceux qui craignaient un raz de marée des islamistes lors de ces élections. « Benkirane a démontré une grande habileté politique en se bridant volontairement. Il est conscient que s’il rafle les communales, cela pourrait être contreproductif et braquer plusieurs segments du Makhzen contre lui », explique un ancien haut cadre du ministère de l’Intérieur. En effet, même si le PJD a aujourd’hui les moyens de couvrir toutes les circonscriptions et pourrait, selon plusieurs sondages qui circulent sous le manteau, les remporter, il aurait décidé de se contenter de diriger quelques grandes villes et une ou deux régions. « Le système politique marocain n’admet pas l’hégémonie d’un seul parti. Même quand Hassan II fabriquait des partis politiques sur mesure, il ne leur conférait jamais une position prédominante », affirme un dirigeant du parti de l’Istiqlal, rassuré que son parti ainsi que le PAM seraient bien placés lors des prochaines élections.