
Un nom discret mais riche d’une trajectoire audiovisuelle bien ancrée : Reda Benjelloun, récemment nommé Directeur Général du Centre Cinématographique Marocain (CCM), incarne une fusion rare entre culture, journalisme et sens du service public.
Après treize années passées à hisser les magazines d’information et documentaires à 2M, notamment en lançant Des Histoires et des Hommes (prime-time dominical suivi par jusqu’à 3 millions de téléspectateurs), Benjelloun prend aujourd’hui les rênes de l’institution fondée en 1944, dont il devient le visage officiel depuis le Conseil de gouvernement du 26 juin 2025.
Juriste de formation diplômé de la Sorbonne en 1966, il a d’abord exercé comme consultant juridique à Paris avant de rejoindre la chaîne 2M en 1995. C’était le début d’un parcours où rigueur, exigence éditoriale et créativité documentaire ont trouvé un terrain d’élection. Son travail a contribué à installer le documentaire au cœur du débat public au Maroc, avec des formats aussi audacieux qu’accessibles.
Sa nomination à la tête du CCM marque une volonté claire de renforcer l’ancrage culturel marocain dans le cinéma. Sous sa direction, le CCM hérite désormais d’un pilote capable d’articuler qualité de contenu, politique éditoriale ambitieuse et vision institutionnelle sur plusieurs fronts : soutien à la création locale, rayonnement international, aide aux tournages et promotion des talents féminins.
Cette prise de fonction s’inscrit aussi dans une logique de continuité assumée. Depuis la fin du mandat de Sarim El Hak Fassi-Fihri, le CCM a été dirigé par Abdelaziz El Boujdaini, nommé directeur par intérim. Ce dernier a su assurer la stabilité de l’institution tout en poursuivant l’ouverture vers de nouveaux formats, l’accélération des processus de numérisation et la consolidation des acquis réglementaires. Le passage de relais se fait donc dans un climat de confiance, sur une dynamique déjà engagée de modernisation.
Reda Benjelloun arrive à un moment charnière : le CCM ouvre davantage ses portes aux coproductions étrangères, aux plateformes digitales, et cherche à faire évoluer son rôle de régulateur vers un modèle de coordination et d’accompagnement actif du secteur. Son expérience dans la structuration de formats documentaires innovants lui confère une posture stratégique.
Son arrivée au CCM n’est pas un simple changement de signature administrative. Elle marque le passage d’une logique de gestion à une logique de vision. Reda Benjelloun, homme de contenus et de convictions, a désormais entre les mains une institution stratégique à réinventer. Le Maroc du cinéma ne peut plus se contenter de gérer les tournages étrangers et de subventionner à l’aveugle : il doit produire une politique culturelle ambitieuse, exigeante, lisible. Et c’est exactement ce qu’il vient incarner.