
C’est un véritable coup de tonnerre qui s’est abattu sur la diplomatie algérienne. Alors que les cercles du pouvoir à Alger misaient sur une accalmie, voire un fléchissement de la position française, Emmanuel Macron a pris tout le monde de court avec une décision radicale : suspension officielle de l’accord de 2013 sur les visas diplomatiques, durcissement des conditions de délivrance des visas de service, expulsions ciblées et coordination européenne pour empêcher tout contournement. En clair, un bras de fer assumé avec le régime algérien.
Le timing et la brutalité de cette annonce ont désarçonné jusqu’aux plus proches collaborateurs d’Abdelmadjid Tebboune. À la présidence comme au ministère des Affaires étrangères, dirigé par Ahmed Attaf, l’heure est à la stupeur, teintée d’humiliation. Selon plusieurs sources bien informées, les services algériens n’avaient rien vu venir. Pire : ils anticipaient un recul français, convaincus que les tensions internes entre Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau allaient neutraliser toute tentative de fermeté.
Une lecture erronée de la situation à Paris
Ce qui était perçu comme un « bras de fer tactique » par Alger s’est transformé en désaveu cinglant. Le calcul était simple, mais erroné : miser sur les dissensions supposées au sein de l’exécutif français, sur fond de recomposition politique, pour pousser Paris à la complaisance. En coulisses, certains analystes proches du régime tablaient même sur un affaiblissement progressif de la position de Macron, jugé « isolé » sur le dossier algérien.
La réalité est tout autre. Non seulement le président français s’est montré inflexible, mais il a donné à son ministre de l’Intérieur une légitimité totale pour conduire une politique de fermeté. Le résultat : une stratégie diplomatique algérienne totalement prise à revers. Attaf, qui avait récemment multiplié les signaux d’apaisement dans ses discours, se retrouve aujourd’hui isolé, discrédité, et sans levier réel pour répondre.
Macron change de ton : fini les courbettes
Ce raidissement de Paris ne se limite pas à une réaction ponctuelle. Il marque un changement de doctrine. Macron, longtemps accusé de complaisance envers Alger, a pris acte d’un échec : celui de la méthode douce. Le sort réservé à l’écrivain Boualem Sansal, à Christophe Gleizes, l’obstruction systématique des consulats algériens en France, le blocage des réadmissions de ressortissants algériens en situation irrégulière… tout cela a constitué, selon l’Élysée, la goutte de trop.
Dans une lettre rendue publique, le chef de l’État évoque « des décisions indispensables » et appelle à « agir avec plus de fermeté et de détermination ». Il n’est plus question de diplomatie feutrée : Macron parle désormais le langage de la rétorsion.
Les services algériens (DGDSE) sur la sellette
Dans les arcanes du pouvoir algérien, la décision française est vécue comme une gifle. Les services de renseignement (DGDSE), habituellement fiers de leur capacité d’anticipation, sont pointés du doigt. Eux qui assuraient que Paris n’irait jamais jusqu’au clash, eux qui voyaient dans la relation Macron-Tebboune un atout stratégique… ont perdu la partie.
Un haut responsable, sous couvert d’anonymat, admet : « Nous avons clairement sous-estimé le tournant stratégique français. C’est une défaite diplomatique et un camouflet pour notre appareil d’analyse. »
Tebboune, abandonné par son « ami » Macron
Pour Tebboune, qui s’était évertué à présenter Macron comme un partenaire de confiance, le réveil est brutal. « Un dicton dit qu’on n’est jamais trahi que par ses amis », ironise un ancien diplomate algérien. Le président algérien, qui tentait de faire la distinction entre l’Élysée et « l’extrême droite française », se retrouve désavoué sur toute la ligne. Sa stratégie de communication interne, qui consistait à minimiser les tensions avec Paris, vole en éclats.
Ce revers survient à un moment où Alger peine déjà à se repositionner sur la scène régionale. Avec l’Italie, l’Espagne, et désormais la France en désaccord sur plusieurs dossiers clés, le régime se retrouve de plus en plus isolé. La diplomatie d’esbroufe, faite de postures et d’effets d’annonce, montre ses limites.
Ce n’est plus seulement une crise bilatérale : c’est un signal d’alarme. La relation franco-algérienne est à un point de rupture. Et cette fois, c’est Paris qui impose le tempo. Alger, qui espérait encore jouer la montre, découvre qu’il n’y a plus de joker dans la partie.
Une déroute stratégique
La décision de Macron, ferme et sans appel, révèle une chose : la diplomatie algérienne s’est enfermée dans une lecture obsolète de ses relations avec la France. En croyant pouvoir manipuler les failles supposées de la République française, elle a ignoré les signaux d’impatience venus de Paris. Le résultat est sans appel : un fiasco diplomatique majeur pour Tebboune, pour Ahmed Attaf, et pour les services algériens, désormais contraints de revoir leur logiciel.