
À quelques mois des échéances électorales, l’Agence de Développement du Haut Atlas (ADHA) vient de lancer un appel d’offres pour près de 3,99 millions de dirhams, destiné à financer une « assistance technique en communication » et à exécuter sa stratégie de communication institutionnelle. Derrière ce jargon administratif se cache une évidence : l’agence veut surtout maîtriser le narratif autour de la reconstruction post-séisme, face à une avalanche de critiques.
Deux ans après le drame d’Al Haouz, la communication officielle s’est multipliée, relayée par des dépêches MAP vantant des taux de reconstruction de 85 % à Marrakech et un retour à la vie normale. Mais sur le terrain, le constat est plus nuancé : des sinistrés continuent de vivre sous des tentes, des familles se disent exclues des aides, et des ONG dénoncent le manque de transparence et la lenteur des indemnisations.
Au lieu d’apporter des réponses claires aux victimes, l’ADHA semble vouloir investir lourdement dans un dispositif de communication calibré pour gommer les retards et enjoliver le bilan. Un choix qui interroge, surtout dans un contexte où chaque dirham compte pour reconstruire des villages entiers encore en ruine.
Car au-delà de l’ADHA, c’est l’Exécutif lui-même qui est visé : la gestion du séisme d’Al Haouz reste l’un des griefs les plus sévères contre le gouvernement actuel. Le Chef du gouvernement est pointé du doigt pour son incapacité à répondre rapidement aux attentes des sinistrés et pour avoir laissé perdurer une situation humanitaire indigne pendant des mois. À l’approche du scrutin, chaque faux pas dans ce dossier devient un fardeau politique supplémentaire.
Les 3,9 millions de dirhams engagés ne manqueront donc pas de susciter la polémique : fonds publics utilisés pour soigner l’image d’une agence et, par extension, celle du gouvernement, plutôt que pour accélérer la réhabilitation concrète des zones sinistrées. Cette offensive médiatique s’apparente moins à un accompagnement technique qu’à une tentative de maquillage politique orchestrée.
Dans les coulisses, la manœuvre est claire : trop de communication tue la communication. Et le risque est grand que cette dépense publique, loin de renforcer la crédibilité de l’ADHA et de son gouvernement de tutelle, soit perçue comme un nouvel exemple de gaspillage d’argent public au détriment des véritables priorités du Haut Atlas.