
La rivalité aérienne entre Rabat et Alger prend un nouvel envol. Royal Air Maroc (RAM) vient d’annoncer la reprise, dès le 17 septembre, de sa liaison Casablanca–N’Djamena, suspendue depuis la pandémie du Covid-19. Quelques jours plus tard, à Alger, le président Abdelmadjid Tebboune, en pleine ouverture du sommet du commerce interafricain (IATF 2025), ordonne au PDG d’Air Algérie de desservir, lui aussi, la capitale tchadienne. « N’Djamena est une priorité », martèle le chef de l’État algérien.
Cela dit, la compagnie marocaine avait déjà pris une longueur d’avance. Le directeur du bureau de N’Djamena est installé au Tchad, les autorisations techniques et diplomatiques sont bouclées et les premiers vols sont planifiés. Cette relance stratégique s’inscrit dans un programme d’expansion colossal : 143 destinations à l’horizon 2037, une flotte qui passera de 50 à 188 avions, et l’ambition de faire de Casablanca un hub aérien africain incontournable.
Piquée au vif, Air Algérie doit désormais rattraper le temps perdu. Elle prévoit d’intégrer N’Djamena à ses liaisons africaines, en complément de ses nouvelles routes vers Abuja et Johannesburg. La compagnie, qui attend la livraison d’Airbus A330-900 Neo et de nouveaux Boeing, mise sur la montée en puissance de son aéroport d’Alger comme plateforme de transit continental.
Au-delà du simple prestige, la ligne vers le Tchad est hautement stratégique : elle relie l’Afrique du Nord au cœur du continent, stimule commerce, tourisme et investissements, et renforce l’influence diplomatique. Pour l’instant, la RAM tient la corde, preuve d’une diplomatie économique marocaine agile et d’une exécution rapide.