
Présentée comme une révolution numérique par la Confédération africaine de football (CAF) et le Comité local d’organisation (COL) de la CAN 2025, l’application Yalla, lancée le 11 octobre, devait symboliser la modernité du continent à l’occasion de la CAN Maroc 2025. En théorie, elle devait permettre à chaque supporter d’obtenir son Fan ID, de gérer ses billets et d’accéder à l’ensemble des services du tournoi.
En pratique, elle s’est transformée, dès son lancement, en une démonstration de ce qu’il ne faut pas faire dans un projet numérique.
Les premiers utilisateurs ont signalé des bugs massifs : impossibilité de créer un compte, formulaires bloqués, codes de confirmation non reçus, documents refusés et paiements échoués. Certains supporters ont vu leur inscription rejetée sans explication. D’autres n’ont pas pu scanner leur passeport, l’application ne reconnaissant que les modèles biométriques récents. Résultat : de nombreux utilisateurs issus de pays africains où ces passeports ne sont pas encore généralisés se retrouvent exclus du système.
Le support client Yalla, censé accompagner les utilisateurs, ajoute à la polémique. Les échanges consultés par Maghreb Intelligence montrent des réponses rédigées par des agents humains, mais truffées de fautes, d’approximations et d’erreurs de compréhension. À des questions simples, les réponses laissent parfois perplexe :
“Bonjour, j’ai pas aucune idée.”
“Vous pouvez rien faire, attendez votre carte s’assera disponible.”
“Les ticket il sont toujours disponible il faut Just de passaient ms.”
Ces échanges illustrent une absence totale de formation du personnel chargé du support, aussi bien sur le plan linguistique que technique.
À deux mois du coup d’envoi de la compétition, la promesse d’une “CAN numérique” tourne déjà à la confusion. Entre incompatibilités, surcharge des serveurs et assistance défaillante, Yalla illustre les dérives d’une digitalisation précipitée, sans tests, sans supervision et sans véritable expertise technique.
Un lancement chaotique qui en dit long sur la coordination fragile entre la CAF et le Comité local d’organisation, et sur les défis logistiques d’une CAN que le Maroc veut pourtant exemplaire.