Les étals espagnols n’ont jamais été aussi marocains. En l’espace d’un an, les importations de fruits et légumes frais en provenance du Maroc ont littéralement explosé, confirmant le royaume chérifien comme leader incontesté des fournisseurs de l’Espagne en valeur.
Selon les derniers chiffres du Département des douanes et des taxes spéciales, analysés par la FEPEX (Fédération espagnole des associations de producteurs et d’exportateurs de fruits, légumes, fleurs et plantes vivantes), l’Espagne a importé 416 559 tonnes de produits marocains jusqu’en août 2025, soit 34 % de plus que l’année précédente. Côté portefeuille, la hausse est tout aussi spectaculaire : 952,6 millions d’euros d’achats, une poussée qui fait du Maroc l’acteur le plus rentable du marché espagnol.
Et la dynamique ne date pas d’hier. Sur les cinq dernières années, les volumes importés ont grimpé de8 % (de 385 058 tonnes en 2021 à 416 559 tonnes aujourd’hui). Mais c’est surtout la valeur des importations qui connaît un envol impressionnant : +58 %, passant de 602 millions à près d’un milliard d’euros.
Le Maroc occupe aujourd’hui 26 % de l’ensemble des importations espagnoles de fruits et légumes, qui totalisent 3,701 milliards d’euros (+14 %). Parmi les pays tiers, un bloc de 2,548 milliards d’euros, le Maroc pèse à lui seul 38 %, confirmant sa domination.
Cette montée en puissance n’est pas sans provoquer des remous chez les producteurs ibériques. La FEPEX pointe du doigt des conditions de concurrence “très inégales”. Selon la fédération, la production marocaine ne serait pas soumise aux mêmes exigences phytosanitaires, sociales et environnementales que celle de l’Espagne ou de l’Union européenne. Un différentiel réglementaire qui, selon elle, fausserait la compétition et fragiliserait les exploitations locales.
Alors que les supermarchés ibériques remplissent leurs rayons de tomates, fruits rouges, courgettes ou agrumes venus du sud, la tension s’accroît entre défenseurs du modèle agricole européen et partisans d’un marché plus ouvert.
Une chose est sûre : le Maroc s’impose plus que jamais comme un acteur incontournable du marché alimentaire espagnol, et la tendance ne semble pas prête à s’inverser.