
Il y a des coïncidences qui dérangent, et d’autres qui posent de sérieuses questions. Alors qu’Achraf Hakimi s’apprête, selon plusieurs sources, à figurer parmi les finalistes du Ballon d’Or 2025 – un honneur inédit pour un joueur marocain – l’affaire judiciaire qui le poursuit depuis plus de deux ans est soudainement relancée. Le parquet de Nanterre demande son renvoi en procès, à moins d’une semaine de l’annonce officielle des nommés. Le timing, d’une précision chirurgicale, ne laisse personne indifférent.
Dans la foulée, L’Équipe publie une enquête d’une densité inhabituelle : procès-verbaux, extraits de messages, expertises psychologiques. Une affaire complexe, mais aux éléments de défense solides : notamment des SMS échangés entre la plaignante et une amie où l’on découvre des intentions explicites telles que « je vais le dépouiller » ou « mode femme fatale ». Une vague de solidarité s’est propagée sur les réseaux sociaux, portée par des journalistes, des figures publiques, des sportifs et de nombreux citoyens marocains.
Le Club des Avocats au Maroc ne reste pas en retrait. Dans un communiqué cinglant, l’organisation évoque de « sérieuses atteintes aux droits fondamentaux » et dénonce un « déclenchement inhabituel » de la procédure, fondé sur une simple déclaration sans plainte ni constat médical. Elle alerte sur une pression médiatique ayant porté atteinte à la présomption d’innocence et annonce la mise en place d’une commission indépendante pour suivre l’affaire.
Sans forcément disculper d’office le joueur, beaucoup s’interrogent : pourquoi maintenant ? Pourquoi ainsi ? Et surtout, à qui profite cette exposition précipitée à quelques jours d’une éventuelle consécration mondiale ? Le débat s’est déplacé du terrain judiciaire au champ symbolique : pourquoi le nom de Hakimi, déjà éclipsé des grands palmarès individuels, est-il systématiquement fragilisé à chaque tentative de reconnaissance internationale ?
Il serait naïf d’ignorer le poids géopolitique que représente un tel joueur : figure du Maroc post-Mondial 2022, enfant de l’immigration marocaine en Europe, icône populaire entre Rabat et Paris. Qu’un tel profil soit exposé médiatiquement à la veille d’une consécration n’a rien d’innocent. C’est même, pour beaucoup, la marque d’une stratégie bien rodée : saboter l’image, refroidir les votes, détourner la lumière.
Le plus inquiétant n’est pas l’affaire judiciaire elle-même, qui suivra son cours, mais la résonance qu’elle prend au moment exact où Hakimi semblait enfin pouvoir entrer dans l’histoire par la grande porte. En politique comme en football, les agendas ne mentent jamais.