
La scène était lourde de symboles. Nasser Zefzafi, figure du Hirak du Rif, autorisé exceptionnellement à assister aux funérailles de son père à Ajdir, a surpris par la clarté de son discours : « l’intérêt national est au-dessus de tout » et « rien ne prévaut sur l’intégrité du pays ». Une déclaration qui résonne bien au-delà d’Al Hoceïma et qui coupe court à toutes les tentatives de récupération politique de son image.
À Alger, le message sonne comme un désaveu. Depuis deux ans, le régime algérien mise sur le lancement d’un soi-disant « Parti National Rifain » (PNR), financé et hébergé sur son territoire, pour tenter de créer un « deuxième front » au nord du Maroc après le dossier du Sahara. Le PNR, sans réel ancrage populaire, a multiplié conférences et gesticulations médiatiques, promettant l’indépendance du Rif, avec un soutien logistique généreux. Objectif : construire un clone du Polisario dans le Nord.
Mais la parole de Zefzafi, prononcée devant ses proches et retransmise largement, vient ruiner ces calculs. L’homme, qui reste la figure la plus emblématique du mouvement social rifain, réaffirme son appartenance pleine et entière au Maroc. En quelques mots, il réduit à néant les espoirs de ceux qui voulaient brandir son nom comme drapeau séparatiste.
Pour Alger, c’est un coup dur : sans la caution symbolique de Zefzafi, le PNR reste un appareil artificiel, financé de l’extérieur, sans légitimité ni enracinement dans la société rifaine. Au contraire, la déclaration de l’ex-leader du Hirak consolide la position de Rabat : les contestations sociales du Rif, aussi vives soient-elles, ne se confondent pas avec un projet de sécession.
Dans ce bras de fer régional, la séquence des funérailles d’Ahmed Zefzafi restera comme un tournant. L’Algérie voulait un Polisario bis au nord du Maroc. Nasser Zefzafi, lui, a tranché : son combat s’inscrit dans la nation marocaine, pas en dehors.