
Deux ans après la tentative d’assassinat dont il a été victime en plein jour à Nanterre, le journaliste algérien Abdou Semmar voit enfin l’affaire portée devant la justice française. Ce 30 juillet 2025, le tribunal judiciaire de Nanterre a ouvert le procès de deux hommes accusés d’avoir planifié et exécuté l’agression contre le fondateur d’Algérie Part, un média en ligne connu pour ses enquêtes sur les réseaux politico-financiers algériens.
L’affaire, révélée dès août 2023 par Maghreb Intelligence, s’était déroulée le 15 août 2023 : gaz lacrymogène, arme de poing, vol d’un téléphone contenant des données sensibles. L’auteur présumé, un franco-algérien multirécidiviste installé à Marseille, aurait agi avec l’aide d’un ancien gendarme français reconverti en détective privé. Ce dernier aurait été chargé de localiser la cible après plusieurs mois de filature.
Selon nos sources, les deux hommes ont effectué des allers-retours en Algérie dans les semaines précédant l’attaque. Des documents saisis lors de perquisitions suggèrent que l’opération aurait été décidée et financée depuis Alger. Le détective privé aurait perçu une rémunération en espèces sur place. Le téléphone volé, lui, n’a jamais été retrouvé.
En coulisses, la DGSI a suivi de près les évolutions du dossier, en raison du profil de la victime, bénéficiaire du statut de réfugié politique, et du caractère structuré de l’opération. L’un des deux prévenus aurait également servi brièvement dans les forces armées irakiennes, un détail qui intrigue les enquêteurs français.
Le procès, pour l’instant discret, pourrait faire émerger d’autres ramifications. Dans un communiqué, les avocats de Semmar évoquent « une opération d’envergure inédite contre un journaliste algérien sur le territoire français ». En interne, certains magistrats s’interrogent sur la portée réelle du réseau à l’origine de cette tentative.
Pour l’instant, les deux accusés gardent le silence sur leurs commanditaires. Mais plusieurs pièces du dossier semblent converger vers des acteurs opérant depuis Alger. Le sujet reste sensible. Une seconde phase d’instruction n’est pas exclue.