
Le vent est en train de tourner pour Alsa au Maroc. L’opérateur espagnol, implanté depuis 1999 à Marrakech puis à Agadir et Tanger, pourrait perdre une grande partie de ses concessions de transport urbain. Le gouvernement marocain vient de lancer de nouveaux appels d’offres pour Marrakech, Tanger et Agadir, tandis que Casablanca prépare un réexamen complet de son modèle.
Parmi les prétendants, des poids lourds : Transdev, leader européen du transport par bus déjà présent sur le tramway marocain, CTM, Supratours (ONCF) et même Citybus. Autant dire que la compétition s’annonce féroce.
Le ministère de l’Intérieur a reconnu les limites du système actuel et engagé un programme de modernisation de 1,04 milliard d’euros. Objectif : renouveler un parc vieillissant et améliorer la sécurité. À Marrakech, l’âge moyen des bus dépasse 20 ans. À Agadir, les accidents liés à des pannes mécaniques se multiplient. À Tanger, les habitants dénoncent retards chroniques, vétusté et inaccessibilité des quartiers périphériques. Pour y remédier, plus de 3 700 nouveaux bus seront acquis, en majorité auprès du constructeur chinois Yutong.
Face aux critiques, Alberto Pérez, directeur général d’Alsa Maroc, rappelle que l’entreprise a démarré avec une flotte neuve, des chauffeurs marocains formés en continu et même envoyés en Espagne pour se perfectionner. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 62 millions de passagers transportés en 2023, contre 15 millions en 2012.
Mais la nouvelle stratégie marocaine pourrait réduire drastiquement son périmètre : de 70 % du trafic urbain national à seulement 40 % ou 45 %, selon des sources internes.
Au-delà d’Alsa, c’est un changement de paradigme qui se profile. Le Maroc veut reprendre la main sur un secteur stratégique, en diversifiant les opérateurs et en renforçant le contrôle public. Les prochains mois seront décisifs : Marrakech, première ville à avoir confié ses bus à Alsa en 1999, pourrait bien marquer le début de la fin d’une époque.