
Ce devait être une fête grandiose, une édition commémorative inoubliable. Vingt ans après sa création, le festival Mawazine était attendu au tournant pour célébrer deux décennies de musique, de rencontres et de rayonnement culturel. Pourtant, sur le terrain, l’édition 2025 a laissé un goût amer, mêlant improvisation, favoritisme et désorganisation flagrante.
Une programmation sans vision claire
Ce qui devait être une vitrine du savoir-faire marocain en matière de production culturelle s’est transformé en un enchaînement confus de styles, juxtaposant dans la même soirée du rap, du raï et du chaâbi, sans logique artistique ni fil conducteur. Des artistes marocains comme DAOUDI, MORPHINE, SAMI RAY se sont retrouvés dans la même, sans réelle considération.
Pire encore, les dates de passage de certains artistes n’ont été communiquées que la veille, laissant fans, journalistes et techniciens dans l’improvisation permanente.
Les internationaux choyés, les nationaux relégués
Malgré un budget conséquent, la programmation a clairement favorisé les têtes d’affiche internationales, tant sur le plan de la communication que de la production technique. Les artistes marocains, eux, ont souvent été relégués à des créneaux secondaires, parfois sans répétitions ni mise en avant médiatique.
Autre point noir : l’accueil réservé aux journalistes marocains. De nombreux médias nationaux ont signalé des problèmes d’organisation dès les premiers jours : badges introuvables, longues files d’attente, absence d’orientation, et surtout une nette différence de traitement au profit des journalistes étrangers.
“On a été convoqués pour couvrir une conférence de presse… qui a été annulée sans explication. L’artiste ne s’est même pas présenté”, déplore un journaliste culturel.
Hologramme illégal et communication bâclée
Le scandale du concert en hologramme d’Abdel Halim Hafez, monté sans autorisation préalable de sa famille, a provoqué un tollé. Ce projet, censé être un hommage, a été perçu comme une opération opportuniste mal encadrée juridiquement.
Côté communication digitale, la gestion des réseaux sociaux du festival a manqué de rigueur : annonces publiées trop tard, visuels imprécis, fautes dans les publications, et manque de réactivité face aux critiques. Une communication largement en décalage avec les standards internationaux d’un événement de cette taille.
Retards et manque de professionnalisme
Plusieurs concerts ont commencé avec plus d’une heure de retard, sans explication pour le public. Ce type de désorganisation a été fréquent tout au long du festival, alimentant une impression générale de pilotage à vue.
Mawazine 2025 devait incarner la maturité d’un festival devenu institution. À la place, cette édition anniversaire aura mis en lumière les lacunes structurelles d’un événement qui semble avoir perdu le lien avec son public, ses artistes nationaux, et même ses ambitions initiales.
La question reste posée : que reste-t-il du projet culturel que Mawazine prétend incarner ?