
C’est une affaire qui en dit long sur l’état du système bancaire algérien. Un ressortissant turc installé illégalement depuis 2021 et son complice algérien ont réussi, pendant deux ans, à manœuvrer sous les radars de la régulation et à préparer un casse de 200 millions d’euros grâce à de simples faux documents SWIFT et une société fictive.
Les victimes ? Pas n’importe qui : Société Générale, Bank of Baraka, Gulf Bank, des établissements censés être à la pointe du contrôle et de la sécurité. Les complicités ? Forcément nombreuses, tant il est impensable qu’une telle opération se monte sans relais internes.
Le jugement est tombé : cinq ans de prison pour le Turc, trois ans pour l’Algérien. Une sanction dérisoire au regard de la somme en jeu, qui jette une lumière crue sur la manière dont la justice algérienne traite les grands scandales financiers. Ici, on maquille, on minimise, on protège les vrais bénéficiaires en sacrifiant deux fusibles.
Car la vérité, tout le monde la murmure : ce duo n’aurait jamais pu tromper à ce point quatre banques de premier plan sans complicités à des niveaux beaucoup plus élevés. Le ressortissant turc, présenté comme un simple entrepreneur du bâtiment, était en réalité un homme d’affaires protégé, actif sur plusieurs chantiers en Algérie. Son complice algérien, lui, n’est qu’un pion interchangeable.
Dans la rue comme sur les réseaux sociaux, la colère gronde. Certains parlent d’« Algérie transformée en terrain de jeu pour escrocs internationaux », d’autres soulignent l’ironie d’un pays où des jeunes sont condamnés à de lourdes peines pour un simple post Facebook, alors qu’un détournement de centaines de millions d’euros se règle avec quelques années de prison et le silence des institutions.
Derrière ce scandale se cache une réalité plus profonde : l’impunité des réseaux de corruption, la faillite des contrôles bancaires et l’incapacité du régime à restaurer la confiance dans son système financier.
Un casse à 200 millions d’euros, passé presque inaperçu en dehors de quelques articles de presse locale. En Algérie, le plus grand hold-up n’est pas celui des banques, mais celui d’un État qui a fait de l’opacité et du clientélisme sa véritable doctrine.