Tunisie : Un an après les élections du 23 octobre, la révolution du Jasmin sombre dans plusieurs « contre-révolutions »

Lundi soir, les Tunisiens étaient, comme d’habitude, devant leurs postes de télévision pour suivre les débats politiques qui font rage en ce moment, quand ils furent surpris par une coupure nette du signal des 4 chaînes hertziennes.[onlypaid] Les deux chaînes publiques ainsi que les chaînes privées Nesma TV et Hannibal ont subitement disparu de la petite lucarne, remplacées par un black-out total. La rumeur d’un coup d’Etat s’est alors propagée comme une traînée de poudre. Les principales chancelleries occidentales ont multiplié les coups de fil à leurs contacts politiques. Certains ambassadeurs ont même appelé le Palais de Carthage et la primature pour s’enquérir de la situation. Il faut dire que le déploiement très visible et sans précédent des forces armées tunisiennes dans la capitale Tunis et dans d’autres grandes villes depuis quelques jours avait mis la puce à l’oreille de plusieurs observateurs. En effet, depuis quelques mois, les forces de l’ordre semblaient débordées par une violence qui s’installe de plus en plus. Le gouvernement de Hamadi Jebali paraissait, sinon complice, du moins indifférent à la tournure musclée que prenaient les événements suscités par les courants extrémistes. Des voix au sein de l’opposition laïque s’élevaient pour dénoncer une tentative de « hold-up » opéré par les islamistes d’Ennahdha, aidé par les « gros bras » salafistes. Les récentes déclarations du patron d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui s’est imposé comme le véritable homme fort de la nouvelle Tunisie, ont fini par convaincre le camp de l’opposition de l’existence d’une volonté chez les islamistes d’imposer une dualité au sein des institutions de l’Etat. Rached Ghannouchi serait « le guide spirituel » d’un pays d’apparence démocratique.
Aujourd’hui, la Tunisie s’apprête à fêter le premier anniversaire de l’élection de l’assemblée constituante qui aurait dû normalement rédiger une constitution dans les délais d’une année. Chose qui a été difficile à tenir pour plusieurs raisons, dont notamment les divergences sur certains points relatifs à la place de la religion dans le nouveau texte constitutionnel. D’après plusieurs sources bien informées à Tunis, une année après les élections de l’assemblée constituante, la Tunisie semble s’empêtrer dans la violence et l’instabilité. « Les jours à venir vont être très difficiles.

Chez les islamistes, il y a réellement une volonté de contrôler l’Etat, et l’opposition n’est pas de taille à y faire face alors que l’armée n’a pas une tradition interventionniste. L’avenir est donc ouvert sur toutes les éventualités, même celles qui paraissent les plus improbables », conclut en préférant garder l’anonymat un ambassadeur européen en poste à Tunis.[/onlypaid]