Crise en Tunisie : l’intransigeance de Rached Ghannouchi pourrait signer la fin de l’aventure politique d’Ennahda

« Si Rached Ghannouchi et Moncef Marzouki continuent à faire la sourde oreille, un scénario à l’égyptienne ne sera plus vraiment à exclure », affirme un ancien haut gradé de l’armée tunisienne, parti à la retraite au lendemain de la destitution de Zine El Abidine Ben Ali. Le duo Ghannouchi-Marzouki cristallise aujourd’hui tous les mécontentements. [onlypaid]En effet, au-delà de la gravité de la situation sécuritaire qui a plongé la Tunisie depuis plus d’une année dans l’inconnu, c’est la manière de gérer la crise politique par les deux alliés qui inquiète profondément. L’opposition estime que les deux hommes ont démontré leur incapacité à saisir les réalités complexes de la scène politique tunisienne, notamment depuis l’explosion de violence qui a causé la mort d’une dizaine de soldats et l’assassinat de deux politiciens de l’opposition. « Ghannouchi et Marzouki font preuve d’un autisme politique qui les a coupés de l’opinion publique et qui jette le pays dans l’instabilité », affirme un des dirigeants d’Ettakatol, partenaire d’Ennahda et du CPR au sein de la troïka qui dirige la Tunisie depuis plus de deux années. Rached Ghannouchi qui a pu évincer le courant des « colombes » au sein de son parti dont le chef de file est l’ancien premier ministre Hamadi Jebali, poursuit sa fuite en avant en rejetant la responsabilité de la crise actuelle sur des pays étrangers -Algérie et Arabie Saoudite. Il accuse en plus les  anciens du régime de Ben Ali de vouloir dynamiter le processus de démocratisation mené par la troïka. Ainsi, le patron d’Ennahda refuse toutes les propositions qui lui parviennent aussi bien de ses alliés -Ettakatol- que de l’opposition. Alors que la crise économique bat son plein et que l’actuelle équipe ministérielle montre de véritables carences en matière de gestion, Ghannouchi ne veut pas entendre parler d’un gouvernement de compétences nationales et lui préfère un gouvernement d’union nationale dont le chef ne sera que son affidé le plus dévoué, Ali Larayedh. Le cheikh appuyé par Moncef Marzouki écarte toute dissolution de l’Assemblée nationale constituante, même si le fonctionnement de celle-ci est quasiment au point mort. D’après des sources bien informées à Tunis, le couple Ghannouch-Marzouki ne dispose plus de beaucoup de temps pour désamorcer la situation en  répondant favorablement aux exigences de l’opposition et de l’opinion publique. Si à la fin de la semaine prochaine les négociations n’enregistrent aucune avancée, il se pourrait que la situation dégénère et que l’armée remette les pendules à l’heure en ramenant les deux hommes à la raison. Reste à savoir quelle forme prendra l’intervention de l’armée. La réponse dépendra des résultats de la traque des terroristes à Jbel Chaâmbi et de l’évolution de la position des principaux dirigeants de la troïka.[/onlypaid]