Exclusif : Les dessous du raid secret sur Maroc Télécom

C’est devenu l’un des secrets les mieux gardés de Casablanca. Il y a quelques mois, Mohamed Kettani, PDG d’Attijari Wafabank dîne en tête à tête avec Abdeslam Ahizoune, inamovible patron depuis quinze ans de Maroc Télécom.[onlypaid] Certes, les rencontres entre deux des plus influents PDG de la planète économique marocaine sont fréquentes – ils font tous deux partie du groupe d’impulsion France Maroc- mais rarement en duo. Cette fois-ci, le Président de Maroc Télécom, d’habitude imperturbable, laisse entrevoir à son interlocuteur quelques signes d’inquiétude. Le sujet qui le préoccupe est bel et bien la cession des parts de Vivendi dans IAM. Le groupe français a informé Rabat- qui est actionnaire à hauteur de 30%- au mois de septembre dernier de sa volonté de se désengager de l’opérateur historique. Par cette session, Vivendi espère faire revivre son cours de bourse, qui est atone.
Depuis que l’information est devenue publique, les acquéreurs potentiels se bousculent au portillon et les français semblent écarter le patron de Maroc Télécom des négociations. Seule une courroie de transmission discrète est sauvegardée avec le Palais Royal. Or, Abdeslam Ahizoune sent que son heure « pourrait sonner » si un autre actionnaire de référence faisait son entrée dans le tour de table de Maroc Télécom.
Il voit ainsi d’un mauvais œil la possible arrivée d’un actionnaire provenant des pays du Golfe.
Le veto opposé à Qatar Télécom pour le rachat des parts de Vivendi –notamment par l’Elysée- le rassure momentanément, mais le danger est loin d’être définitivement écarté. Il profite du répit et souffle une idée folle à certains de ses amis financiers et notamment à Mohamed Kettani. Pourquoi le Maroc ne récupérerait-il pas tout simplement son « joyau » ? L’idée plait au PDG de la première banque du royaume. Mais Attijari Wafabank, même adossée à la CDG, n’a pas la surface financière nécessaire pour débourser les 6 milliards de dollars réclamés par Vivendi pour céder ses parts.
S’engage alors une course-poursuite pour réunir le maximum de banques marocaines afin de mener le raid le plus audacieux et le plus fou de toute l’histoire de l’économie marocaine. Mohamed Kettani approche Mohamed Benchaâboun de la Banque populaire qui se laisse facilement convaincre. Cependant, l’on est toujours loin du compte, surtout que les français, et notamment le « Papy Flingueur » Jean-René Fourtou, ne donnent pas de signaux clairs quant à leurs intentions. Or, une telle opération est complexe et risque d’assécher totalement les provisions des banques et institutionnels marocains en ces temps de crise. Même Othman Benjelloun, pourtant honni par Kettani et Benchaâboun, est envisagé pour mettre la main à la pâte, mais la BMCE de « Sir Othman » elle-même est en recherche de liquidités…
Il faut donc se rendre à l’évidence, le prix exigé par Vivendi demeure au-dessus de ce que Mohamed Kettani et ses partenaires pourraient mettre sur la table. Le PDG d’Attijari wafabank se rend donc à Paris pour rencontrer discrètement Jean-François Dubois, président du directoire et Jean-René Fourtou, président du Conseil de surveillance de Vivendi afin d’obtenir une ristourne ou un échelonnement du règlement, faisant valoir la dimension bilatérale France-Maroc. Requête qui ne sera pas satisfaite en raison de la situation financière délicate du groupe français. Les Marocains sont déçus, mais sont fiers d’avoir tout de même essayé.
C’est alors qu’une opportunité semble se dessiner, avec, toujours à la manœuvre, un Abdeslam Ahizoune qui allie la ruse à l’instinct de préservation et qui n’est jamais aussi bon que quand il sent qu’il est menacé . Et si les marocains prenaient langue avec l’un des repreneurs potentiel afin de se partager les parts ? Selon les informations obtenues par « Maghreb Intelligence » auprès d’un proche du dossier, cette option serait vue d’un œil favorable par touts les repreneurs potentiels, et serait en ce moment même à l’étude. Affaire à suivre… [/onlypaid]