Le spleen du président Moncef Marzouki

C’est un homme très affecté qui a rejoint le palais de Carthage après la douloureuse visite à Sidi Bouzid qui a failli très mal tourner.[onlypaid]  En effet, le président Moncef Marzouki s’était déplacé, en compagnie du président de l’Assemblée nationale constituante Mustapha Ben Jaâfar, dans le berceau de la révolution afin d’y célébrer le deuxième anniversaire du déclenchement de la révolte populaire qui avait mis fin à près d’un quart de siècle de règne de Ben Ali. Le chef de l’Etat tunisien ne s’attendait pas à se faire chahuter aussi brutalement par plusieurs milliers de manifestants. Il aurait avoué à ses collaborateurs qu’il savait que la troïka aux commandes dans le pays n’était plus aussi populaire qu’auparavant, mais il était loin de se douter que le « divorce entre la classe politique et la population » avait atteint un degré jugé aussi « irréversible », d’après plusieurs observateurs. Selon des sources bien informées à Tunis, le traumatisme causé à Marzouki par des slogans qui lui demandaient de « dégager » va le pousser à réfléchir sur son alliance avec Ennahda. « Le président Marzouki se sent investi d’une mission historique. Celle de sauver la Tunisie du chaos. Il ne se rend pas compte qu’il est manipulé par les islamistes », ironise un dirigeant de Nidae Tounès. « Quand il se réveillera, espérons qu’il ne sera pas trop tard », conclut la même source.[/onlypaid]