Que se passe-t-il au sein d’Al Adl Wal Ihssane ?

C’est une première qui étonne. Les membres du Cercle politique du mouvement islamiste marocain Al Adl Wal Ihssane qui viennent d’être élus à Casablanca sortent de l’anonymat. Une photo regroupant les membres de l’instance politique du mouvement de Cheikh Yassine vient d’être rendue publique par le mouvement. Il faut dire que le mouvement islamiste depuis qu’il s’était retiré des manifestations organisées par les jeunes du 20 février, était pratiquement tombé dans l’anonymat. Pendant le mois du ramadan, une annonce le met brutalement sous les feux de l’actualité. L’égérie d’Al Adl Wal Ihssan et fille du cheikh avait annoncé sa démission de ses fonctions au sein du mouvement. L’annonce prend tout le monde de court, même si on savait que Nadia Yassine était en délicatesse avec plusieurs dirigeants adlistes qui ne voyaient en elle que la simple « fille du Morshid », dépourvue de toute légitimité pour parler au nom de la Jamaâ. Plus tard, c’est Abdelali Mejdoub, membre éminent du mouvement, qui par voie de presse, assène des critiques acerbes à la ligne politique adoptée par les affidés de Cheikh Yassine. Il déclare notamment ne pas comprendre la stratégie d’Al Adl Wal Ihssane par rapport au mouvement du 20 février, lui reprochant un manque de cohésion et de vision à long terme. D’après des sources bien informées, les soubresauts qui agitent aujourd’hui la Jamaâ étaient attendus depuis longtemps, notamment en raison de la dégradation de l’état de santé de Cheikh Yassine et de l’impatience que montrent beaucoup de jeunes cadres pour entamer une carrière politique. Nos sources affirment que les contacts entre le mouvement et certains « cercles » de l’Etat n’ont jamais été coupés. Cela préfigure-t-il une éventuelle entrée du mouvement dans la légalité à travers la création d’un parti politique ? Pour le moment, rien ne le laisse clairement supposer, « mais les surprises de dernières minute ne seraient pas à écarter », nous affirme un ancien membre de la Jamaâ.