Tunisie : comment les salafistes veulent mettre au pas le pays du jasmin

Ce n’est pas l’enquête réalisée par l’institut Tunisie Sondage qui va contredire l’impression générale d’une forte poussée salafiste qui se dégage aujourd’hui en Tunisie. En effet, d’après les chiffres révélés par ce sondage, 84 % des Tunisiens ressentent une nette montée du radicalisme religieux, alors que 74 % estiment que le pays connaît un processus très marqué de radicalisation religieuse.[onlypaid] Mais le plus inquiétant encore, c’est que pour 78 % de la population, cette radicalisation constitue une menace pour la Tunisie. Ce danger se décline concrètement par un pourcentage élevé de Tunisiens -79%- qui estiment que l’extrémisme islamiste risque d’impacter négativement l’investissement, et de menacer la sécurité -80%-, la liberté d’expression -78 %- et les libertés individuelles -88%. L’autre enseignement a tirer de ce sondage d’opinion, c’est que la majorité des Tunisiens -82 %- pensent que le gouvernement provisoire dirigé pare l’islamiste Hamadi Jebbali n’a pas pris les mesures nécessaires pour maîtriser la montée du radicalisme. Et c’est là, le nœud du problème, croit savoir un diplomate européen en poste à Tunis depuis plusieurs années. D’après cette source, plusieurs sections locales d’Ennahda dans les régions, notamment dans le centre et le Sud-est de la Tunisie sont aujourd’hui les otages d’activistes salafistes qui disposent d’argent en provenance des pays du Golfe et comptent sur l’appui de généreux donateurs parmi la diaspora tunisienne en Europe. Les salafistes, certes peu nombreux, pratiquent une politique de « bousculade par événement » afin de maintenir sous pression, à la fois Ennahda et le gouvernement de Jebbali. Selon un ancien ambassadeur tunisien à Rabat, « les salafistes savent que, du point de vue électoral, ils ne pèsent pas beaucoup, mais qu’Ennahda a besoin d’eux pour remporter les prochaines échéances électorales. Alors, ils font tout pour maintenir un climat de tension peu propice au vote et en même temps poussent le gouvernement à épouser une partie de leurs desiderata ».

La preuve. La dernière sortie de la Troïka après les événements de ce week-end renvoyant dos-à-dos la société civile et les salafistes, a suscité beaucoup de remous et soulevé plusieurs questions quant aux visées réelles d’Ennahda, véritable dynamo de la coalition aujourd’hui au pouvoir à Tunis. [/onlypaid]