
Le 7 août 2025, un député du Parti de l’Istiqlal (PI) adressait une question écrite au ministre de l’Enseignement supérieur, Azzedine Midaoui (PAM), sur les performances et l’impact socio-économique de l’Université Mohammed 1er d’Oujda (UMP). Mais avant même que le ministre ne réponde, Yassine Zarhloule, président de l’UMP et figure du Rassemblement National des Indépendants (RNI), a pris l’initiative de publier, depuis son compte Facebook personnel, une longue réponse… ciblant directement le parlementaire.
Un geste qui court-circuite le ministère
En rompant avec la procédure institutionnelle, le président de l’UMP a transformé une question parlementaire légitime en affront politique. Cette réaction illustre le déséquilibre croissant entre un ministère tenu par le PAM et des présidents d’université affiliés au RNI, capables de s’exprimer – voire de recadrer des élus – avant leur propre tutelle.
Un président à l’influence assumée
Le nom de Yassine Zarhloule a longtemps circulé dans les coulisses politiques. Avant le dernier remaniement ministériel, il figurait même – dans une liste fuitée mais démentie – parmi les noms pressentis pour le portefeuille de l’Enseignement supérieur. Une rumeur qui, même infondée, en dit long sur sa stature et son influence dans le paysage politique : un président d’université RNI présenté comme ayant, à l’époque, plus de poids que certains titulaires en poste.
Un argumentaire aux fondations fragiles
Pour défendre son bilan, M. Zarhloule a mis en avant le parcours d’un étudiant passé par l’UMP en 2013 : un premier projet (lagare.ma) qui échoue, supplanté par le concurrent markoub.ma, avant une reconversion dans la logistique. Un exemple plus proche de la réussite individuelle que d’un succès directement lié à l’université.
Il a également cité le dispositif « Étudiant Entrepreneur », lancé en 2021 en partenariat avec la Wilaya de la Région de l’Oriental, le conseil de la région, la CGEM de l’Oriental et le Centre Régional d’Investissement, pour un budget annoncé de 4,5 millions de dirhams. Signé en grande pompe aux côtés du Wali de la région et d’Abdenbi Bioui, ex-président du conseil régional, ce programme devait servir de tremplin aux jeunes porteurs de projets. Selon plusieurs participants, la phase pilote a tourné au fiasco : absence totale de suivi, aucun résultat concret, et pas la moindre success story à mettre en avant après quatre ans.
Un ministre affaibli et sous influence
Dans les coulisses, plusieurs sources estiment que le ministre Azzedine Midaoui apparaît de plus en plus sous la coupe du RNI. Ses marges de manœuvre se réduisent face à des présidents d’université issus du parti du chef du gouvernement, capables d’imposer leur tempo et de devancer publiquement ses prises de position. Cette dynamique alimente l’idée d’un ministère de tutelle affaibli, où certaines décisions ou silences ne seraient plus dictés par une stratégie propre, mais par un rapport de force politique largement favorable au RNI.
Le record de vitesse… hors piste
Malgré une réponse hors procédure et aux accents politiques évidents, force est de constater qu’à notre connaissance, c’est la réponse la plus rapide jamais apportée à une question écrite parlementaire dans l’histoire récente du Parlement marocain. Un record qui, malheureusement, illustre davantage la volonté de marquer un point politique que de respecter les règles institutionnelles.
Un président au-dessus de tout ?
Cette sortie publique survient alors que plusieurs présidents d’université ont récemment été relevés de leurs fonctions. Le contraste est saisissant : à Oujda, un président RNI peut répondre publiquement avant le ministre, recadrer un parlementaire et défendre un bilan contesté… sans que cela ne semble lui attirer la moindre sanction. Un signal clair que certaines présidences universitaires se muent en bastions politiques, au détriment de la neutralité académique et du respect des procédures institutionnelles.