Alger «contrainte» d’ouvrir ses frontières avec le Maroc

L’annonce par le secrétaire général du Conseil de Coopération des pays du Golfe du possible élargissement de ce conseil au Maroc, a sonné comme un coup de tonnerre dans le ciel d’Alger. Alors que depuis une dizaine d’années, l’objectif des autorités algériennes est « d’humilier » le royaume chérifien, l’obligeant à quémander l’ouverture des frontières entre les deux pays, la proposition du CCG a été très mal prise en Algérie. « Les pouvoirs rétrogrades se coalisent », a tempêté, en privé, Abdelaziz Belkhadem. Revenu plus tard à de meilleurs sentiments, il a critiqué l’initiative des pays du Golfe en des termes plus diplomatiques, tout en épargnant le Maroc. Il faut dire qu’il y a deux mois, les pourparlers entre Rabat et Alger étaient très avancés pour l’ouverture des frontières fermées depuis 1994. Aujourd’hui, la proposition des pays du Golfe vient hâter le mouvement. Lors d’une réunion de crise présidée par le président Abdelaziz Bouteflika, à El Mouradia, celui-ci a qualifié l’initiative des pays du Golfe d’«OPA» inamicale de la part des l’Arabie Saoudite. Alger aurait demandé par la suite des explications à Doha, son allié régional. Le Qatar aurait assuré à l’Algérie qu’il avait fait tout son possible pour empêcher cette initiative, mais le roi d’Arabie Saoudite en aurait fait une question d’honneur. A Alger, on s’est vite rendu compte que le Maroc ne compte pas seulement sur la France, l’Espagne et les Etats-Unis, mais aussi sur la plupart des pays du Golfe. « Le royaume se retrouve soudainement doté d’une profondeur géostratégique unique dans le monde arabe. En plus de l’Afrique francophone où le Maroc est pratiquement dans son jardin, voilà qu’il s’ouvre les portes de l’un des clubs les plus hermétiques de la planète. Celle-là, on l’a pas vu venir à Alger », explique un général algérien à la retraite. Le conciliabule tenu à El Mouradia a abouti à la décision de précipiter la réouverture des frontières. Des sources proches du président Bouteflika évoquent même une possible rencontre au sommet d’ici un mois entre les chefs d’Etat des deux pays pour sceller la réconciliation algéro-marocaine. A Oujda, principale ville de l’Est marocain très proche de la frontière, le prix de l’immobilier a flambé depuis un mois déjà. Signe précurseur ou simple spéculation ? Réponse dans quelques semaines.

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