Il était pressenti pour devenir le futur patron des services secrets algériens. Ses partisans avaient promis de célébrer une grande victoire au lendemain du 5 juillet dernier pensant que leur « parrain » signerait enfin son grand retour au plus haut sommet du pouvoir algérien. Mais leur déception fut très grande lorsqu’ils se sont aperçus que ces espoirs ont été déçus et que le « parrain » a été finalement mis sur la touche.
Eux, ce sont les partisans du général-major M’henna Djebbar. Lui, le parrain, c’est l’un des plus puissants généraux de l’institution militaire algérienne et l’un des symboles de l’Etat profond des années 90. Après un séjour en prison entre 2019 et 2020, M’henna Djebbar fait son retour à partir de 2021 pour prendre sa revanche historique alors que beaucoup de ses détracteurs l’ont enterré à la suite de la terrible parenthèse Gaid Salah lequel avait traqué sans ménagement en 2019 tous les officiers ayant collaboré de près comme de loin avec le ténébreux général Toufik, ex-emblématique patron des services secrets algériens durant pas moins de 25 ans.
En 2021, M’henna Djebbar séduit Tebboune et le convainc de l’inclure dans son clan pour consolider son pouvoir présidentiel chancelant. A partir de l’automne 2021, le président algérien offre à M’henna Djebbar un nouveau service de renseignement appelé la Direction Générale de la Lutte contre la Subversion (DGLS) dont le but ultime est de lutter contre les mouvements politiques dissidents. Ce service devait être un tremplin pour permettre ensuite à partir de 2022 à M’henna Djebbar de chapeauter définitivement les services secrets algériens en devenant le nouveau coordinateur, un poste qui demeure vacant depuis avril 2019 avec la chute vertigineuse du général-major Bachir Tartag incarcéré toujours à la prison militaire de Blida.
Mais depuis juin 2022, les plans de M’henna Djebbar ont été troublés par le retour en force de son adversaire numéro 1 : Said Chengriha,le patron de l’institution militaire algérienne qui a oeuvré pour ralentir la réhabilitation des anciens généraux des années 90 craignant leur mainmise sur le pouvoir algérien. Chengriha se rapproche de Tebboune, lui fait les yeux doux et lui promet une fidélité absolue en prévision des futures échéances politiques déterminantes pour l’avenir du pays. Rassuré et confiant, Tebboune cède aux chants des sirènes du patron de l’Armée et décide de faire des concessions en supprimant « quelques obstacles » qui perturbent grandement la tranquillité de son allié Chengriha. Et c’est ainsi que les rêves de M’henna Djebbar furent enterrés. Ce dernier a fait les frais d’un nouveau rapprochement inattendu entre Tebboune et Chengriha alors que ce duo était donné pour fatigué et fragile. Dans la nouvelle Algérie, rien n’est acquis et tous les bouleversements sont possibles et imaginables. M’henna Djebbar l’a appris à ses dépens.