D’après le parlement français, la marine algérienne est en capacité de bloquer militairement le détroit de Gibraltar

Dans un rapport diffusé à la suite des travaux d’une mission d’information conduite par de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale française, les rapporteurs s’inquiètent des nouvelles capacités militaires navales de l’Algérie.

Les députés Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer affirment que depuis 2006, « l’Algérie promeut une politique de modernisation massive de son armée, comme en témoigne la part conséquente du PIB qu’elle consacre à l’effort à l’effort de défense, à hauteur de 6, 5 %, soit plus de 10 milliards d’euros ». Selon le colonel Stéphane Richou, attaché de défense de l’ambassade de France en Algérie, l’Algérie constitue le 5ème importateur d’armes du monde et le 1er en Afrique, ainsi que l’a souligné le colonel.

Nouvelles capacités pour la marine algérienne

Le rapport souligne que dans le domaine naval, le développement capacitaire de l’armée algérienne est particulièrement significatif. D’ailleurs, l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine française, confirmait à l’automne 2022 devant la commission de la défense que « l’Algérie est en train de construire deux porte-hélicoptères d’assaut. Elle possédera bientôt dix frégates et quinze corvettes. En outre, elle vient d’acheter à la Russie quatre sous-marins supplémentaires, capables de tirer des missiles de croisière navals (MdCN) ».

D’après le rapport du parlement français, la modernisation des capacités militaires navales a notamment permis la constitution de capacités offensives hauturières, notamment avec les forces navales concentrées à Mars El Kébir dans la région d’Oran et des capacités de frappes dans la profondeur, y compris en Europe, avec ses six sous-marins Kilo dotés de missiles SS-N30 de type Kalibr, et ses avions de chasse Su30MKA et Mig 25 PDA, ainsi que de capacités de tirs quasi-balistiques, avec les missiles russes SS26 Iskander.

Bulle de déni d’accès dans le détroit de Gibraltar

Le tout renforcé, comme le note le rapport par « des capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone en Méditerranée occidentale, à travers un dispositif de défense anti-aérienne composé de S-300 et prochainement S-400 et des systèmes perfectionnés de radars (notamment de type Rezonans), de brouillage et de guerre électronique ».
A ce propos, le général Philippe Moralès, commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), a mis en exergue « que l’Algérie pourrait constituer une véritable bulle de déni d’accès dans le détroit de Gibraltar et jusqu’au sud de l’Espagne, dans une logique de sanctuarisation de la Méditerranée occidentale ».
Si ’ampleur de ce réarmement, malgré la sévère crise économique, interroge sur les objectifs poursuivis par l’armée algérienne, plusieurs observateurs avertis estiment que l’Algérie n’a pas à ce stade de volonté de projection de puissance.

Le réarmement massif opéré par l’ANP obéirait à des intentions principalement dissuasives, notamment à l’égard du rival marocain à qui il faut envoyer un signal stratégique, la protection du territoire algérien dans un contexte régional très perturbé (Mali et Libye) et avant tout la préservation du prestige de l’armée et l’illustration de l’influence de cette dernière sur le pouvoir politique.

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