
Officiellement, c’est un geste de solidarité et de coopération. Officieusement, c’est perçu par beaucoup comme une opération de déferrage diplomatique bien maquillée. Fin juin, Île-de-France Mobilités et la RATP ont annoncé avoir achevé la livraison de 165 bus usagés à la Tunisie, via un partenariat avec la Transtu. Des véhicules reconditionnés, mais pour beaucoup en fin de cycle, et qui avaient notamment servi lors des Jeux paralympiques de Paris 2024.
Côté tunisien, l’annonce est saluée comme une bouffée d’air pour le parc vieillissant du Grand Tunis. Côté français, la polémique enfle. Une partie de l’opinion publique dénonce un détournement d’argent public déguisé, des dons à l’étranger au moment où certaines communes françaises peinent à renouveler leur flotte. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #CestNicolasQuiPaie ironise sur le coût de l’acheminement, les primes de transport et l’entretien de véhicules que l’on considère “bons pour la casse”.
La présidente d’Île-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, assume pourtant la démarche, affirmant qu’il s’agit d’“une manière responsable de donner une seconde vie aux véhicules tout en soutenant un partenaire francophone”. En creux, l’opération évite aussi à la France le coût du recyclage, estimé à plusieurs millions d’euros.
Mais la question demeure : coopération utile ou diplomatie du rebut ? Car derrière les images de remise de clés, le fond du dossier rappelle que le dumping de matériels usagés vers les pays du Sud reste une pratique bien ancrée. Avec ou sans vernis institutionnel.