Quatre mois après le coup d’état militaire qui a chassé l’islamiste Mohamed Morsi de la présidence de l’Egypte, aucune des forces en présence n’arrive à asséner le coup de grâce à l’autre. Les militaires qui ont mis en place un semblant de pouvoir civil, [onlypaid]
n’ont pas pu l’imposer ni à l’international ni sur le plan interne. Le général Abdelfattah Sissi, vice-premier ministre et ministre de la Défense et véritable homme fort du pays, a essayé de mettre en avant le président intérimaire Adly Mansour et son premier ministre Hazem El Beblaoui, mais rien à faire. Aucune des capitales mondiales n’a accepté de les recevoir. Aujourd’hui, les délégations étrangères qui rendent visite au Caire, passent toutes par le bureau d’Abdelfattah Sissi. « Les entrevues avec le président Adly Mansour, quand elles ont lieu, dépassent rarement les 15 minutes et portent sur des généralités », affirme le directeur d’un grand quotidien cairote. D’après des sources bien informées, les militaires hésitent toujours devant la position à prendre concernant l’élection présidentielle. Les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite font le forcing pour que le général Sissi se présente, puisqu’il jouit de leur confiance en plus d’un certain prestige et d’une popularité dans la rue égyptienne. Aucune personnalité civile ne pourrait faire le poids face à une machine des Frères musulmans qui aurait à cœur de prendre sa vengeance par le biais des urnes. D’un autre côté, si le général accepte de se présenter, il accréditera la thèse du coup d’Etat militaire qu’il a mis quatre mois à démentir. Mais de cette hésitation des militaires, les frères musulmans n’arrivent pas à tirer profit. Certes, ils maintiennent une certaine mobilisation dans la rue bien que la majorité de leurs dirigeants soit emprisonnés, mais n’arrivent pas déclencher une révolte générale. « Si la situation n’est pas tranchée d’ici le printemps prochain avec de nouvelles institutions crédibles, le pays sera livré à une grande instabilité. Les militaires et les services de sécurité ne peuvent rester indéfiniment sur le qui-vive », met en garde un diplomate européen en poste au Caire depuis plus de cinq années.[/onlypaid]