A quelques jours seulement de la Saint Sylvestre, les Algériens regardaient lors des JT qui passent sur les chaînes de télévision publiques un spectacle peu habituel. Le chef d’état-major des armées et vice-ministre de la Défense, le général Ahmed Gaïd Salah fait l’ouverture de tous les JT du pays. Sa réunion en tenue militaire opérationnelle avec ses collaborateurs occupent les journées télévisées pendant plusieurs longues minutes. La voix du « généralissime » transmise par la télévision est ferme et autoritaire. En lisant un message déjà écrit, il donne ses instructions et trace la feuille de route à suivre. S’il en fallait une preuve de l’omnipotence et de la puissance de Gaïd Salah, ces images d’une autre époque sont venues l’apporter. Dans ce théâtre des ombres auquel ressemble depuis des années la politique algérienne, il semblerait qu’un consensus eut été trouvé entre un clan présidentiel considérablement affaibli et un chef d’état-major, comme jamais au faîte de sa puissance. « Abdelaziz Bouteflika réalisera son vœu de mourir au pouvoir en briguant un cinquième mandat, alors que la gestion réelle du pays incombera à son vice-ministre de la Défense », explique non sans cynisme un diplomate européen en poste à Alger.
D’après des sources bien concordantes dans la capitale algérienne, toutes les tentatives pour trouver une « solution » au cas Bouteflika n’ont pas abouti. Exit la piste d’un vice-président comme celle d’un candidat issu du clan Bouteflika. L’armée, à son tour, refuse de s’afficher out en gardant toutes les cartes en mains. Une situation qui risque de radicalement changer si l’actuel président venait à disparaître.
