A la tête de la diplomatie algérienne depuis 18 mois, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum ne serait plus en odeur de sainteté auprès des hautes autorités du pays. La raison de ce désaveu, d’après plusieurs sources concordantes à Alger, serait à chercher du côté de trois dossiers cruciaux pour l’Algérie.
Le premier est la Libye. Alger a du mal à se positionner sur la carte de la crise libyenne. Alors que le Maroc se montre très actif sur ce dossier en recevant des pourparlers entre les deux camps adverses libyens à Bouznika, la diplomatie algérienne est totalement absente. Dernièrement, les parties libyennes ont également multiplié les visites en Egypte à la recherche d’une solution à la crise. La diplomatie algérienne s’est contentée quant à elle à émettre des communiqués « fourre-tout » et totalement protocolaires.
Concernant le Sahara occidental, où d’habitude les Algériens étaient à l’offensive, en soutenant le front Polisario, que ce soit au sein de l’ONU, de l’Union Africaine où dans les instances européennes à Bruxelles, les dix derniers mois étaient pratiquement « plats ». D’ailleurs, les dirigeants du Polisario se seraient plaints auprès de l’état-major de l’ANP du manque d’entrain des diplomates algérien à propos de leur « cause ».
Enfin, sur le dossier malien, Alger a été supplantée après le coup d’état par la CEDEAO qui a pris le lead dans cette crise. D’habitude très présente au Mali, espace vital pour les autorités algériennes, l’appareil diplomatique du président Tebboune s’est montré très attentiste et manquant d’initiative. Encore une fois, Alger se contente de vagues communiqués d’encouragement et de prises de position « tièdes ».
Mais qui est responsable de cette « dépression » de la diplomatie algérienne ? « Accabler Sabri Boukadoum de tous les maux serait excessif. Il fait ce qu’il peut, mais manque d’appui à El Mouradia », explique un ancien haut diplomate algérien avant d’ajouter « le pouvoir algérien aujourd’hui a comme seul objectif qu’il soit adoubé par les grandes capitales. Tout le reste est relégué au second plan ».
En tout cas, l’absence remarquée de Sabri Boukadoum lors de l’importante visite à Alger du secrétaire de Défense américain, Mark Esper révèle la position inconfortable dans laquelle se trouve en ce moment le patron de la diplomatie algérienne.