
La crise diplomatique entre Paris et Alger ne cesse de produire des effets concrets. Après les expulsions réciproques de diplomates et la remise en cause d’accords bilatéraux, c’est désormais la jeunesse algérienne en quête d’avenir qui en paie le prix. Les étudiants algériens nouvellement admis dans les universités françaises se retrouvent piégés par un bras de fer qui les dépasse.
Selon plusieurs sources consulaires et associatives, des centaines de dossiers de visas étudiants sont aujourd’hui bloqués ou ralentis dans les consulats français en Algérie. Résultat : des jeunes admis à Campus France, parfois inscrits dans des masters ou des doctorats, risquent de manquer leur rentrée universitaire. Témoignages à l’appui, certains racontent leurs allers-retours incessants aux guichets consulaires, sans réponse claire. D’autres évoquent des refus implicites pour des motifs obscurs.
Cette situation rappelle l’épisode de 2021, lorsque Paris avait décidé de diviser par deux le nombre de visas accordés aux Algériens, en réponse au blocage des laissez-passer consulaires par Alger. Trois ans plus tard, l’histoire se répète. Les étudiants deviennent de simples variables d’ajustement, otages d’une rivalité politique où leur avenir ne pèse rien.
Chaque année, la France accueille plus de 34 000 étudiants algériens, ce qui place l’Algérie parmi les trois premiers pays d’origine des étudiants étrangers, derrière le Maroc et la Chine. Selon les chiffres de Campus France, la mobilité algérienne a progressé de 10 % en cinq ans, avec une majorité dans les universités (plus de 80 %), mais aussi dans les écoles de commerce et d’ingénieurs. Autant dire que les blocages actuels menacent une des diasporas étudiantes les plus dynamiques du paysage universitaire français.
Les conséquences sont lourdes : perte d’une année universitaire, bourses compromises, projets professionnels et familiaux suspendus. Des familles entières, qui ont souvent investi toutes leurs économies pour financer ces études, se retrouvent plongées dans une incertitude totale.
À Alger, le pouvoir se contente de dénoncer les « humiliations » infligées par Paris, sans proposer la moindre alternative à sa jeunesse. À Paris, la diplomatie assume de transformer le visa en instrument de pression. Entre les deux, des milliers de jeunes Algériens se sentent sacrifiés, condamnés à voir leurs ambitions brisées par un duel qui ne les concerne pas.
Une certitude : tant que la crise perdurera, les étudiants nouveaux entrants resteront les otages les plus vulnérables d’une relation franco-algérienne à la dérive.