Exclusif. Alger a été informée et consultée par Tunis bien avant l’arrestation et l’emprisonnement de Rached Ghannouchi

Les autorités algériennes étaient bel et bien au courant et informées des tenants et aboutissants du projet d’arrestation de l’opposant tunisien, chef charismatique du parti islamiste, Rached Ghannouchi. Selon les sources de Maghreb-intelligence à Alger, le Palais présidentiel de Carthage a adressé des correspondances et noué des contacts avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune et son cabinet pour le tenir informé du projet de l’arrestation du chef d’Ennahda pour des raisons purement sécuritaires. Le président algérien et son entourage ont tenu une réunion en présence des hauts responsables des services du renseignement extérieur pour décider de la réponse que l’Algérie devait faire parvenir au Président tunisien Kaïs Saied.

Et c’est dans ce contexte qu’un deal secret a été conclu entre Alger et Tunis. Ce deal consiste à interpeller rapidement Rached Ghannouchi pour ensuite l’inculper officiellement devant une juridiction tunisoise afin de justifier au final un placement en détention. Mais au cours de ce processus, Alger a exigé à Kaïs Saied des engagements solennels pour garantir un très bon traitement au leader d’Ennahda, un traitement digne de son rang de personnalité politique de premier plan en Tunisie.

Par ailleurs, Alger a obtenu de la part du Président tunisien une autre importante garantie : le séjour en prison de Rached Ghannouchi ne devra pas durer longtemps et aucune condamnation pénale très lourde ne sera prononcée à son encontre. L’objectif est de permettre à Kaïs Saied de neutraliser Ennahda et de suspendre leurs activités politiques ans pour autant humilier leur direction nationale ou infliger à leur premier chef des brimades qui pourraient mettre son état de santé en péril.

Selon nos sources, ce deal a été négocié âprement entre Alger et Tunis afin de permettre à Kaïs Saied de sortir vainqueur de son bras-de-fer face à Ennahda de Ghannouchi sans provoquer trop de dégâts sur la stabilité sécuritaire de la Tunisie. Le régime algérien était, d’autre part, contraint de lever son véto concernant l’interpellation et placement en détention de Ghannouchi pour « renvoyer l’ascenseur » à Kais Saied qui a servi « loyalement et fidèlement ces derniers mois les intérêts de l’Algérie » dans la région et en Tunisie.

Alignement total et entier de la Tunisie sur l’agenda géopolitique de l’Algérie, coopération sécuritaire pleine et sans tabou avec les autorités algériennes pour l’identification et l’arrestation des opposants ou activistes algériens en fuite en Tunisie, refus de la normalisation des relations diplomatiques avec Israël et positionnement largement anti-marocain dans le dossier du Sahara Occidental, Kais Saied s’est plié en quatre pour satisfaire les lubies du régime algérien. Alger ne pouvait donc plus continuer de protéger Ghannouchi car elle n’avait plus aucun intérêt à frustrer un Kais Saied qui a fait pour elle ce qu’aucun autre président tunisien n’aurait jamais pu faire pour lui témoigner son allégeance.

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