Ce n’est pas le Hirak qui inquiète particulièrement les officines sécuritaires du régime algérien. Mais c’est le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) qui alimente toutes les craintes. Effectivement, les dernières notes confectionnées par la puissante Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), la plus névralgique des branches des services secrets algériens, ont constaté le renforcement de l’influence du MAK en Kabylie, la région la plus contestataire et la plus politisée en Algérie.
Selon les investigations sécuritaires de la DGSI, depuis 2020 jusqu’à aujourd’hui, le MAK s’est nettement renforcé en Kabylie profitant de l’échec politique du Hirak qui n’a pas pu apporter un changement politique concret en Algérie. Cette forte déception et la marginalisation dont est victime la Kabylie ont jeté dans les bras du Mak de nombreux sympathisants qui commencent à adhérer sérieusement aux idées séparatistes de ce mouvement naguère minoritaire dans la région.
Aujourd’hui, les statistiques de la DGSI indiquent que les sympathisants et militants du MAK dépassent les 150 mille dans toutes les localités de la Kabylie qui s’étend de Boumerdès jusqu’aux confins de Sétif comme Béni Ourtilane. En 2018, ce nombre était d’à peine 50 mille personnes. Le MAK est devenu, aux yeux de la DGSI, la première force politique sérieuse et structurée en Algérie.
Contrairement à ce que la propagande du régime algérien laisse entendre, ni les islamistes de Rachad ni les partis traditionnels de l’opposition comme le RCD ou le FFS ne peuvent égaler la force de frappe du MAK. D’après la DGSI, le MAK a changé de stratégie et travaille énormément en soubassement pour renforcer ses rangs en sensibilisant énormément dans les milieux estudiantins et travailleurs. Les réseaux du MAK s’étendent, désormais, jusqu’à la capitale Alger ou d’autres grandes villes du pays comme Sétif et Constantine. Pour la DGSI, c’est la première menace sérieuse contre la pérennité du régime algérien car la Kabylie est la seule région qui jouit de longues traditions politiques et d’un militantisme actif ou engagé. C’est la région la plus rebelle du pays que le régime algérien peine à dompter.