Exclusif. Ankara fournit des assurances à une Algérie inquiète concernant les ventes d’armes turques au Maroc 

L’achat massif des armes turques par le Maroc inquiète Alger et fait craindre aux dirigeants algériens un déséquilibre des rapports de force dans la région tout en redoutant les conséquences éventuelles de l’appui logistique turc au voisin marocain considéré encore et toujours par le régime algérien comme « l’ennemi le plus dangereux pour le pays ».
Cette préoccupation majeure des dirigeants algériens a été soulevée lors de l’audience qui a été accordée le dimanche 11 décembre dernier par Abdelmadjid Tebboune au ministre turc des Affaires étrangères, M. Mevlüt Cavusoglu. Selon nos sources, au cours de cette rencontre, le président algérien a fait savoir au chef de la diplomatie turque que les livraisons d’armes au Maroc par la Turquie commence à susciter des inquiétudes, voire des interrogations au sein du pouvoir algérien. L’Algérie qui considère la Turquie d’Erdogan comme un allié proche et fiable ne voit pas d’un bon œil le renforcement des relations militaires entre Ankara et Rabat.
Il est à rappeler effectivement que le Maroc a augmenté significativement depuis fin 2021 ses importations d’armes turques au moment où les tensions sont montées d’un cran avec l’Algérie. Rien que durant le mois de septembre 2021, le Maroc a accordé des financements importants pour réaliser des contrats d’acquisition d’armes en provenance de Turquie. Ces financements ont été estimés à 62 millions de dollars USD sur le total qu’il a dépensé en 2021, qui s’élève à 78,6 millions de dollars américains, avait révélé l’agence de presse Reuters. À comparer à 2020 où le montant total des armes turques acquises par le Maroc était de 402 000 dollars, c’est une augmentation sans précédent. Le Maroc avait également au début de cette année 2022 affiché son intention d’acquérir sept navires d’attaque rapide appelés FAC et une corvette auprès du chantier naval turc Gölcük. Les premiers sont des modèles nouveaux, modernisés et améliorés des navires de la classe Kilic II. Ces acquisitions ont fortement intrigué Alger et le chef de la diplomatie turque a été contraint de fournir à Tebboune des assurances et des garanties pour le rassurer en lui faisant remarquer que la Turquie n’envisage nullement de privilégier le Maroc au détriment de l’Algérie dans ses relations étrangères et son traitement des questions impliquant la région du Maghreb.
Le chef de la diplomatie turque a fait savoir également que son pays est prêt à aider l’Algérie à moderniser son armée en lui livrant les technologies les plus avancées de son industrie militaire. Ces garanties ont été bel et bien prises en considération par les dirigeants algériens qui ont besoin de voir une puissance importante comme la Turquie observer une certaine neutralité dans le conflit de plus en plus intense qui oppose Alger à Rabat.

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