Totalement méconnu de l’opinion publique algérienne, Amar Khelifa est, pourtant, le principal cerveau de la machine lourde de la propagande médiatique algérienne. Ancien journaliste et patron de presse infortuné au cours des années 90, Amar Khelifa s’est enrichi de façon spectaculaire entre 2011 et 2014 grâce à sa publication « El Djazair.com » et du magazine « Memoria », deux magazines promotionnels qui ont bénéficié d’une énorme manne publicitaire publique transformant ainsi Amar Khelifa en l’un des princes les plus riches de la presse algérienne. Mais contrairement à Anis Rahmani, le patron déchu d’Ennahar TV, Amar Khelifa est un lobbyiste rusé qui n’aime pas du tout les lumières et préfère la discrétion pour opérer.
C’est ce qui va lui permettre de sauver son groupe médiatique lors des soubresauts du Hirak et de la chute du clan Bouteflika. Opportuniste, Amar Khelifa rejoint rapidement le clan Gaid Salah en devenant l’un des confidents du général-major Boualem Madi, le patron de la direction de communication du ministère de la Défense nationale. Boualem Madi va beaucoup s’appuyer sur Amar Khelifa dans la nouvelle stratégie de communication de Gaid Salah et de l’institution militaire algérienne. Amar Khelifa va s’imposer ainsi comme l’un des cerveaux des opérations de propagande consistant à manipuler l’opinion publique algérienne en la persuadant des bienfaits d’un nouvel ordre établi garanti par l’institution militaire.
Article de presse, communiqués, reportages audiovisuels ou édits de la revue El-Djeich, le canal officiel de l’armée algérienne, Amar Khelifa va conseiller et assister le général-major Boualem Madi dans toutes ses missions.
A l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune, Amar Khelifa va s’aligner sur le clan Tebboune et propose ses services à ses conseillers les plus influents. Il lance et finance ainsi un nouveau média en ligne la Patrienews, mais il va surtout profiter de ses relations étroites avec la Présidence pour monnayer ses services à des hommes d’affaires en difficulté ou des dirigeants algériens déstabilisés par les scandales de leur mauvaise gestion. C’est ainsi qu’il noue une alliance stratégique avec le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, l’un des dirigeants les plus impopulaires du pays en raison de son bilan catastrophique à la tête de la compagnie nationale des hydrocarbures, principal poumon économique du pays.
Amar Khelifa va permettre à Hakkar de jouir de soutiens à la Présidence et d’orchestrer ainsi de larges et massives campagnes médiatiques dans les médias algériens pour soigner son image, la blanchir et riposter à ses adversaires qui dénoncent ses affaires occultes et sa mauvaise gestion chronique. Amar Khelifa va empocher ainsi une inédite manne publicitaire publique sans oublier les enveloppes sous le manteau qui continueront à circuler entre lui et ses clients. Dans cette nouvelle Algérie, Amar Khelifa est devenu le prince des lobbyistes au moment où la presse algérienne a perdu entièrement ses lettres de noblesse faute d’indépendance éditoriale et financière.