Alors que les relations algéro-françaises ne sont pas au beau fixe, la filiale algérienne de la banque française Société Générale se retrouve depuis plusieurs jours au cœur d’une polémique qui pourrait bientôt se transformer en véritable scandale. Selon nos informations, la banque française est soupçonnée de fournir à des opérateurs marocains les données bancaires confidentielles de ses clients algériens.
Une grave accusation qui alimente en ce moment une enquête diligentée par la Banque d’Algérie. Celle-ci a été récemment saisie par plusieurs requêtes démontrant que Société Générale n’a pas respecté l’instruction de la Banque d’Algérie demandant aux banques de s’assurer que les informations bancaires soient stockées et conservées en Algérie. D’après plusieurs sources concordantes, Société Générale Algérie a fait transiter par le Maroc, en toute illégalité, les SMS qu’elle envoie à plus de 60 000 clients pour les informer du solde de leurs comptes depuis près de deux ans.
En 2010, Société Générale Algérie a lancé la formule « MESSAGI », la notification de solde du compte et des transactions bancaires par SMS. Ce service a très vite rencontré un vif succès. En 2016, M. Aldeguer, alors DGA de la banque, a décidé d’octroyer ce marché à KENZA Telecom, filiale du groupe marocain 01 TELECOM, représenté par Mme El Gaouej, citoyenne marocaine qui se déplace régulièrement en Algérie.
Cette décision a été prise malgré un rapport interne indiquant que les données envoyées par la banque pour être transformées en SMS transiteraient par un serveur marocain qui pourrait être sous la coupe des autorités marocaines. Ce qui représente un potentiel danger pour les autorités algériennes en guerre froide avec leurs homologues marocaines dans plusieurs dossiers géopolitiques délicats de la région. Cette mesure inquiète particulièrement plusieurs hauts fonctionnaires algériens qui disposent de comptes bancaires au niveau de la banque française.
Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle a été prise, soulignent nos sources, sans réelle mise en concurrence avec des sociétés algériennes. Certaines données confidentielles de clients algériens ont ainsi été confiées un groupe marocain qui serait proche de plusieurs lobbis anti-algériens au Maroc.
Le groupe 01 TELECOM, au travers de sa filiale algérienne KENZA Telecom, est aussi la seule société ayant un contrat avec les trois opérateurs de téléphonie algériens, lui permettant d’envoyer des SMS professionnels au travers d’un lien direct. Seul l’opérateur public Mobilis permet aux concurrents algériens du groupe chérifien d’opérer sur ce marché. Ces concurrents malheureux sur ce marché n’ont d’autres choix que d’exporter des devises pour émettre des SMS professionnels en provenance d’Algérie vers des abonnés algériens. L’ARPT devrait-elle aller plus loin dans la régulation de ce marché ? Qu’est-ce qui pousse les opérateurs de téléphonie privés à accorder cette exclusivité à un opérateur marocain sur leurs abonnés en défaveur des acteurs algériens proposant le même service ? Autant de questions que l’on se pose à Alger.
Aujourd’hui, Société Générale Algérie se retrouve dans un contexte où elle est vivement critiquée pour la préservation de la sécurité des données confidentielles des citoyens algériens. « Que va faire le marocain 01 TELECOM de toutes les informations bancaires accumulées depuis deux ans ? », s’interroge à ce sujet un haut fonctionnaire de la Banque d’Algérie. Ce dossier ne manquera pas de revenir sur le devant de la scène dans les prochains jours.