Le général-major M’henna Djebbar, puissant patron du renseignement extérieur algérien, et l’un des dirigeants militaires les plus emblématiques du régime algérien, a finalement survécu à l’une des tempêtes les plus violentes de sa carrière. Sa tête était mise à prix et le 15 août dernier, sa lettre de démission était rédigée et prête à atterrir sur le bureau du Chef d’Etat-Major de l’Armée algérienne et premier responsable de l’Institution militaire, Said Chengriha.
Au Palais Présidentiel d’El-Mouradia, Abdelmadjid Tebboune avait réclamé le départ de ce général encombrant qui entretiendrait des réseaux enracinés jusqu’aux recoins les plus insoupçonnés des institutions algériennes. L’entourage de Tebboune était convaincu que les lieutenants de Djebbar complotent contre le clan présidentiel, orchestrent des manœuvres pour renforcer le sentiment d’impopularité de Tebboune dans le pays et sabotent les plans ou mesures de gestion du pays décidées par la Présidence pour préparer le terrain au controversé projet du 2e mandat présidentiel.
Tebboune et ses conseillers ont accusé M’henna Djebbar et ses collaborateurs de tous les maux qui les accablent : fuites d’informations sensibles, scandales médiatiques qui remuent l’opinion publique, échec de plusieurs politiques publiques initiées par le gouvernement, etc. Des relations médiatiques puissants y compris des acteurs populaires de l’opposition algérienne ont été embrigadées pour lancer une offensive d’une intensité inouïe contre M’henna Djebbar afin de le sacrifier sur l’autel de tous les échecs accumulés par le régime Tebboune.
Le bon vieux général rusé qu’il est, anticipe sa chute et prépare sa démission pour partir la tête haute. Le clan Tebboune a failli savourer la victoire, mais l’humiliation infligée par l’Algérie en Afrique du Sud après l’échec de son adhésion aux BRICS, l’affaire Nezzar et la programmation du sinistre procès pour contre l’humanité, et d’autres calamités qui se sont abattues sur le régime algérien, ont contraint Said Chengriha à lever son véto pour bloquer le départ de M’henna Djebbar et le maintenir dans son poste où il rend compte, aujourd’hui, uniquement et seulement à l’Etat-Major de l’Armée.
Rappelons enfin que le général-major M’henna Djebbar est à la tête de la Direction de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE), renseignement extérieur algérien, depuis début septembre 2022. Auparavant, il avait dirigé la Direction Générale de la Lutte contre la Subversion (DGLS), un service secret nouvellement né et créé en novembre 2021 pour permettre son retour aux commandes du pouvoir sécuritaire alors que les partisans de M’henna Djebbar oeuvraient ouvertement pour qu’il prenne la totalité de la charge de diriger tous les services secrets algériens. Un projet bloqué et empêché depuis toujours par Abdelmadjid Tebboune, un président qui refuse depuis le début et jusqu’à maintenant de réhabiliter l’influence stratégique des services secrets au plus haut sommet de l’Etat algérien.