Le Roi Abdallah II bin Hussein, souverain du Royaume hachémite de Jordanie, a profité de sa visite d’Etat à Alger le 3 et 4 décembre dernier pour tenter de convaincre les dirigeants algériens d’accepter une nouvelle mission de médiation avec le Maroc dirigée par la Jordanie. Le souverain jordanien a, selon nos sources, tenté de persuader le président algérien Abdelmadjid Tebboune d’accepter une offre permettant de relancer le dialogue avec le voisin marocain afin de mettre un terme à une guerre diplomatique et politique qui inquiète fortement tous les acteurs du Monde Arabe et Musulman.
Après la Ligue Arabe, l’Arabie Saoudite et le Qatar, voici donc que la Jordanie qui propose ses services de médiateurs pour tenter de réconcilier les deux frères ennemis du Maghreb, à savoir l’Algérie et le Maroc. Mais contrairement aux précédentes missions de médiation, le Roi Abdallah II a proposé une feuille de route qui se déploie à travers plusieurs étapes. La Jordanie semble privilégier le volet économique pour obtenir une décrispation des relations algéro-marocaines.
Le souverain Jordanien a insisté, selon nos sources, sur la nécessité de relancer le gazoduc Maghreb-Europe enterré par le régime algérien à la fin du mois d’octobre 2021. La Jordanie ambitionne de convaincre l’Algérie de débloquer les exportations du gaz naturel vers l’Espagne via le Maroc permettant ainsi aux Marocains de reprendre un processus de coopération économique avec l’Algérie tout en profitant de certains privilèges comme les prix préférentiels liés au passage du gaz naturel via le territoire marocain.
En contrepartie, l’Algérie pourrait reprendre son leadership sur le marché gazier au niveau de la péninsule ibérique et sur le marché de l’Europe du sud où le Qatar et les Etats-Unis sont en train de la supplanter avec leurs exportations du GNL. Le Roi Abdallah II a suggéré également des pourparlers francs et directs entre l’Algérie, le Maroc et l’Espagne concernant les différends liés au conflit du Sahara Occidental.
L’objectif de cette médiation jordanienne est d’aboutir rapidement à une reprise des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. Si Abdelmadjid Tebboune a salué la bonne foi d’Abdallah II, il n’en demeure pas moins que cette médiation jordanienne n’a pas suscité réellement l’enthousiasme du régime algérien qui a formulé des exigences très strictes pour discuter de toute reprise des relations bilatérales. Nous reviendrons sur les exigences d’Alger dans une prochaine publication qui précisera les tenants et aboutissants du bras-de-fer maintenu par Alger avec Rabat.