Exclusif. Un ancien ministre algérien du président Tebboune reconnaît devant des juges français qu’il « faisait des affaires » dans le secteur qu’il dirigeait

C’est une séquence inédite qui s’est déroulée le 12 septembre dernier au tribunal judiciaire de Paris au niveau de la 17e chambre. Ce jour-là, l’ancien ministre algérien des Transports, Lazhar Hani, ministre de l’ère Tebboune de juin 2020 jusqu’à janvier 2021, était présent dans une salle d’audience du majestueux tribunal parisien pour affronter Abdou Semmar, le directeur de Publication d’Algérie Part, journaliste algérien réfugié politique depuis 2019 sur le territoire français et contre lequel il avait intenté des poursuites judiciaires pour « diffamation ». L L’ancien ministre estimant que son honneur a été bafoué en raison des publications de certaines révélations dévoilant certaines intrigantes malversations financières.

Après avoir auditionné et interrogé le journaliste Abdou Semmar, les juges de la 17e chambre appellent à la barre le ministre algérien Lazhar Hani pour l’interroger sur les motivations de ces plaintes contre le directeur d’Algérie Part et les préjudices qu’il estime avoir subi à cause de ces articles de presse le pointant du doigt pour des pratiques « immorales ou illégales ». Et le moins que l’on puisse dire, le ministre algérien s’est totalement lâché passant à des aveux incroyables devant un tribunal français.

Devant une assistance médusée, Lazhar Hani a commencé par reconnaître que les articles d’Algérie Part ont contraint le Président algérien Abdelmadjid Tebboune à le limoger du gouvernement, affichant ainsi une grande amertume. Mais ensuite, l’ancien ministre algérien a confié aux juges français qu’il a perdu plusieurs business juteux à cause des révélations d’Algérie Part expliquant qu’il ne peut plus faire des affaires comme il aurait souhaité.

Lazhar Hani a ainsi avoué que sa principale préoccupation était son enrichissement personnel alors que normalement en tant que ministre d’un gouvernement, il n’est pas censé poursuivre des activités économiques lucratives puisqu’il a pour mission de se consacrer à la promotion de l’intérêt général de son pays. Mais face aux juges français, l’ancien ministre algérien des Transports a reconnu qu’il est, d’abord, un « homme d’affaires' » et non pas « un politique ». Un homme d’affaires qui possède plusieurs entreprises étrangères et algériennes activant dans le secteur du transport maritime.

Et malgré cela, le président algérien Abdelmadjid Tebboune l’a désigné ministre du même secteur où il réalise sa fortune. Une flagrante situation de conflit d’intérêt qui soulève des doutes avérés sur les motivations de sa nomination en tant que ministre. Mais faire des affaires et devenir ministre en même temps est une situation qui ne suscite aucun inconfort particulier chez Lazhar Hani. Et ce dernier a largement confié aux juges ses profonds regrets de voir sa fortune diminuer à cause du travail d’un média indépendant. Des confessions historiques qui en disent long sur le rapport maladif liant le pouvoir politique en Algérie au… pouvoir de l’argent.

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