A contre-courant des autres composantes du régime, les islamistes algériens œuvrent en ce moment en faveur d’une « dédiabolisation » du voisin marocain. Et l’opération vient d’être officiellement lancée par Abdelmadjid Menasra, l’un des leaders du mouvement islamiste algérien et ambassadeur attiré de la pensée des frères musulmans en Algérie. « J’aurais souhaité que les frontières avec le Maroc soient ouvertes », a fait ainsi savoir Menasra lors d’un meeting à Maghnia, tout près des frontières algéro-marocaines.
Et Menasra n’a pas omis de rajouter une « fois tous les problèmes en suspens résolus ». Selon nos sources, cette sortie vise à exercer des pressions sur le président Bouteflika pour lui signifier que le courant islamiste ne le soutiendra pas dans cette croisade contre le Maroc. Mieux encore, d’après nos informations recoupées à Alger, plusieurs personnalités islamistes ont rencontré des conseillers au Palais d’El-Mouradia pour discuter de la situation régionale de l’Algérie. Et les cadres de la mouvance islamiste ont mis exergue le caractère aventurier de ces tensions provoquées avec le Maroc par Abdelkader Messahel. Au moment où la Libye s’enlise et où le Sahel demeure très instable, les islamistes algériens veulent une réconciliation avec le Maroc pour sauver la région d’une descende aux enfers.
La stratégie des islamistes algériens est on ne peut plus claire : instaurer une solidarité entre tous les gouvernements régionaux où les partis islamistes sont fortement représentés dans l’objectif de renforcer l’influence de l’islamisme politique sur tous les pays du Maghreb. Ainsi, lors de l’accession de la mouvance d’Ennahda au pouvoir en Tunisie, les Abouguera Soltani et Abderrazek Mokri, du MPS du défunt Nahnah, ont été fait chaque semaine des va-et-viens entre Alger et Tunis pour jouer les intermédiaires entre Bouteflika et Ghanouchi. Leur rôle a été efficace puisque l’Algérie avait refusé de torpiller les islamistes tunisiens. Reste à savoir enfin si les islamistes algériens sauront changer la position du régime vis-à-vis du Maroc.