
Après une édition 2024 saluée comme un retour triomphal, le festival Mawazine est de nouveau dans la tourmente. La société française La Matière, partenaire stratégique de l’organisation, vient d’annoncer une action en justice contre Maroc Cultures, l’association organisatrice, pour des factures impayées atteignant plusieurs centaines de milliers d’euros.
Selon un communiqué dont Maghreb Intelligence a obtenu copie, La Matière affirme avoir assuré la direction technique et la programmation des principales scènes de Mawazine 2024 (OLM, Bouregreg, Mohammed V), contribuant directement au succès de l’événement, notamment le concert de Calvin Harris devant 150.000 spectateurs. Mais derrière l’euphorie, les relations se sont vite tendues : malgré des relances répétées, le règlement du solde dû n’a jamais été effectué.
Un protocole transactionnel signé en juin 2025 semblait ouvrir la voie à un règlement amiable. Mais Maroc Cultures n’a pas respecté ses engagements, poussant La Matière à franchir le pas judiciaire. Une décision lourde de conséquences, car elle expose publiquement les dysfonctionnements d’une institution qui se veut l’une des vitrines culturelles du Maroc.
Le nom d’Abdelslam Ahizoune, président de Maroc Cultures et ancienne figure centrale de l’écosystème télécom marocain, revient au cœur de l’affaire. Sollicité à plusieurs reprises, l’homme fort n’aurait pas donné suite aux demandes de La Matière.
Ce nouvel épisode intervient alors que l’édition 2025 a déjà été critiquée pour son improvisation et sa perte de repères. Programmation incohérente, retards, communication bâclée, et scandales comme l’« hologramme illégal » d’Abdel Halim Hafez : Mawazine, qui devait incarner la maturité, accumule désormais les polémiques.
La bataille judiciaire avec La Matière risque d’aggraver encore cette impression de délitement. Et une question s’impose : Mawazine peut-il préserver son statut de festival international crédible alors que ses propres partenaires l’accusent publiquement de manquements financiers ?