L’affaire Hajar Raïssouni remet le débat sur les libertés individuelles au-devant de la scène

Au Maroc, ce qui devait être un simple fait-divers a soudainement basculé en un véritable pugilat au sein des réseaux sociaux et entre supports de presse en total désaccord. L’arrestation de la journaliste d’Akhbar Al Yaoum, Hajar Raïssouni, samedi dernier pour avortement illégal a une fois encore mis les islamistes marocains face à leurs contradictions. Au royaume, le sujet de l’avortement suscite depuis des années déjà une vive polémique au sein de l’opinion publique entre ceux qui soutiennent la dépénalisation de l’avortement et de ceux qui le criminalisent de l’autre côté. Il faut reconnaître que les chiffres avancés par l’OMS et par l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin sont alarmants. Entre 1 000 et 1 500 opérations d’interruption de grossesse ont lieu chaque jour au Maroc. Et parfois, les conséquences sont dramatiques. Rien qu’en 2018, les parquets ont enclenché 73 poursuites dans ce genre d’affaires, dont 4 cas de décès.
Aujourd’hui, c’est le débat sur les libertés individuelles qui secoue le landerneau médiatique et les réseaux sociaux au Maroc. Doit-on poursuivre une femme adulte qui a décidé d’avoir des relations sexuelles hors cadre du mariage et puis d’avorter ou non ? Si on se réfère au code pénal marocain, la journaliste Hajar Raïssouni, dont une expertise médicale émanant d’un gynécologue assermenté confirme l’avortement, risque jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Un autre drame sur lequel ont essayé de surfer des politiciens, notamment islamistes, qui avaient entre leurs mains le pouvoir de changer les choses parce qu’ils étaient aux affaires. Il faut noter que Abdelilah Benkirane, l’un des premiers à se solidariser avec la journaliste détenue, a été chef du gouvernement pendant toute une législature et avait toujours pris possession contre l’avortement. Son parti contrôlait également le ministère de la Justice en charge de la réforme du Code pénal.
Aujourd’hui donc, au lieu de vouloir politiser un fait-divers ne serait-il pas plus utile pour la société marocaine d’amorcer un vrai débat sur des lois totalement désuètes qui enchaînement les Marocains. C’est le cas de l’avortement, des relations sexuelles hors mariage, la consommation de l’alcool et de bien d’autres bizarreries juridiques qui plombent réellement l’évolution sociale du pays.

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