
Alors que la ministre française de la Culture est renvoyée en correctionnelle dans l’affaire Renault-Nissan, deux anciens ministres marocains sont intervenus par écrit en sa faveur. Ils saluent son rôle décisif dans la concrétisation du projet Renault Tanger Med.
Dans l’affaire Carlos Ghosn-Renault-Nissan, qui rattrape aujourd’hui Rachida Dati pour des missions de conseil peu documentées, un épisode discret s’est glissé dans la procédure judiciaire : deux anciens ministres marocains ont adressé à la justice française des attestations formelles pour défendre la ministre de la Culture.
Ces deux figures, bien connues dans les sphères de décision à Rabat, ne sont autres que Mohamed Hassad, ancien wali de la région Tanger-Tétouan puis ministre de l’Intérieur, et Ahmed Réda Chami, ambassadeur du Maroc à l’Union européenne et ex-ministre de l’Industrie. Tous deux étaient aux premières loges lors des négociations et du déploiement de l’usine Renault Tanger Med entre 2007 et 2012.
Selon leurs témoignages, relayés par Le Figaro et Jeune Afrique, Rachida Dati a joué un « rôle stratégique » pour sauver le projet d’investissement, alors fragilisé par la crise de 2008 et les incertitudes du Printemps arabe. Elle aurait « personnellement anticipé » certains blocages, notamment liés au financement, et facilité l’implication de l’État français dans la sécurisation du projet industriel.
L’usine Renault Tanger Med, inaugurée en 2012, est devenue un symbole du partenariat économique entre la France et le Maroc, et un jalon majeur dans la stratégie industrielle du royaume. Derrière cette réussite, ces deux anciens ministres marocains n’hésitent pas à créditer Rachida Dati d’un rôle-clé, à un moment où sa carrière politique est aujourd’hui sous pression.
Cette mobilisation de personnalités marocaines confirme le rôle transversal qu’a pu jouer Rachida Dati au fil des années dans la relation bilatérale franco-marocaine. Connue pour ses liens familiaux avec le royaume et son entregent personnel, elle a souvent été sollicitée, en coulisses, pour faciliter certains dossiers sensibles, au-delà des cadres officiels.