
Sans tambour ni trompette, l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) vient de publier un appel d’offres international pour un audit complet de sécurité de son système d’information. Un chantier de 13 mois qui mobilisera des experts certifiés, spécialisés en tests d’intrusion, analyse des risques et continuité d’activité.
Officiellement, l’objectif est clair : aligner le dispositif de l’agence sur les exigences de la Directive Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (DNSSI), et se conformer à la loi 05-20 sur la cybersécurité. Mais dans un contexte marqué ces derniers mois par une recrudescence d’incidents numériques affectant des institutions clés, le calendrier de cette initiative ne passe pas inaperçu.
L’ANCFCC se montre discrète, mais le contenu du marché est éloquent. Il prévoit un audit organisationnel et technique approfondi, des tests d’intrusion internes et externes, une cartographie des risques, et l’élaboration de plans de continuité et de reprise d’activité. Autrement dit, une remise à plat complète de la posture cyber de l’agence.
Selon des sources proches du dossier, un audit conduit récemment par la DGSII aurait permis de détecter plusieurs vulnérabilités, incitant certaines entités stratégiques à renforcer de manière accélérée leurs dispositifs de protection. L’initiative de l’ANCFCC s’inscrirait ainsi dans cette dynamique de sécurisation globale, à la fois discrète et déterminée.
Le recours à un appel d’offres ouvert à l’international, l’exigence de profils homologués PASSI et la structuration en trois phases (diagnostic, stratégie, accompagnement) traduisent une volonté de professionnaliser en profondeur la gestion des risques numériques dans une institution au cœur des transactions foncières.
Le montant prévisionnel du marché est fixé à 2 508 000 dirhams, un chiffre qui reflète autant l’ampleur de la mission que la sensibilité du périmètre couvert.
Alors que les discours officiels se veulent rassurants sur l’intégrité des systèmes étatiques, l’intensification des efforts de sécurisation en dit peut-être plus long que les démentis. Une chose est sûre : la souveraineté numérique devient une ligne budgétaire prioritaire. Et l’ANCFCC entend ne pas être prise de court.