
C’est une première historique : le Maroc sera à l’honneur du Venice Production Bridge lors de la 82e Mostra de Venise. Une reconnaissance inédite pour un pays arabe, et surtout un moment décisif pour le cinéma marocain, qui s’impose désormais comme un acteur incontournable sur la scène internationale.
Depuis quelques années, le Maroc ne cesse de surprendre. Non pas en reproduisant les codes du cinéma occidental, mais en forgeant une esthétique singulière, nourrie de ses paradoxes : ancestral et contemporain, spirituel et subversif, rural et urbain. Une nouvelle génération de cinéastes s’empare de cette richesse pour en faire un cinéma viscéral, audacieux et indéniablement marocain.
On pense à Asmae El Moudir, dont La Mère de tous les mensonges a bouleversé Cannes en 2023, ou à Faouzi Bensaïdi, maître d’un langage cinématographique hybride, entre théâtre et chronique sociale. Sofia Alaoui (Animalia) ou Leila Kilani (Sur la planche) questionnent, elles, les rapports de genre, de classe et d’environnement avec des récits esthétiquement percutants.
Ce qui frappe ? L’absence de simplification. Les cinéastes marocains refusent les clichés, préférant embrasser la complexité du réel : l’héritage colonial, les tiraillements entre tradition et modernité, l’austérité du Rif et la frénésie de Casablanca. Ce cinéma ne cherche pas à séduire à tout prix, mais à déranger, à faire réfléchir.
À l’heure où l’industrie mondiale revalorise la diversité, la mise en lumière du Maroc à Venise n’est pas un simple geste diplomatique. C’est la reconnaissance d’un territoire d’expression riche, dense, essentiel. Un tournant pour une scène longtemps cantonnée à la marge, et désormais prête à jouer les premiers rôles.
En août prochain, le Maroc ne sera pas un invité : il sera l’auteur, le visage et la voix d’un cinéma en pleine renaissance.