Les Syriens accusent directement les Qataris, et plus particulièrement le premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, de jouer un rôle dans les protestations qui secouent les villes de Derâa et de Lattaquieh. Les officiels syriens accusent ce dernier de financer les Frères musulmans et d’utiliser la chaîne Al Jazeera pour appeler à la révolution contre le régime « mécréant » de Syrie, allusion faite à la minorité allaouite qualifiée d’ « hérétique » par les musulmans sunnites. Ceci a été considéré par les responsables syriens comme un dépassement des lignes rouges. Craignant une riposte syrienne d’ampleur, l’émir du Qatar a dépêché son fils, le prince héritier, à Damas et non son premier ministre qui serait devenu persona non grata en Syrie, afin d’apaiser les esprits et de s’engager à réparer les dégâts par tous les moyens. Le prince héritier du Qatar, qui est resté deux jours dans la capitale syrienne, a rencontré le président Bachar Al Assad, et son principal conseiller, le général Mohamad Nassif, mais il est néanmoins retourné bredouille. Les Syriens lui ont fait comprendre « qu’il n’y avait pas d’amour, mais seulement des preuves d’amour », et que toutes les promesses de son père aux chefs d’Etat arabes concernant l’arrêt des ingérences dans leurs affaires internes à travers Al Jazeera ou les courants islamistes, n’ont jamais été tenues. Dans ce contexte, un haut responsable Koweitien a affirmé à « Maghreb Intelligence » qu’après l’annonce de sa participation aux frappes aériennes contre les brigades de Kadhafi et la reconnaissance du Conseil de Transition Libyen, le Qatar devrait payer « tôt ou tard » le prix de ses ambitions. A se faire trop d’ennemis, le petit émirat pourrait à son tour, être déstabilisé par des puissances régionales qui ont pris ombrage de son influence cathodique.