Depuis quelques semaines, les allées du pouvoir d’Alger et de Rabat ne bruissent que de l’éventualité d’une ouverture prochaine des frontières entre les deux frères ennemis du Maghreb. Si pour l’instant, aucune réaction officielle des deux côtés n’est venue confirmer la nouvelle, de nombreux acteurs s’activent dans l’ombre pour œuvrer à un rapprochement que beaucoup jugeraient bénéfique pour la politique …et le business. Côté institutionnel, le ministre marocain de l’Agriculture, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, a publiquement affiché son satisfecit lorsqu’il a reçu son homologue algérien Rachid Benaissa il ya une dizaine de jours, suivant en cela l’exemple de sa collègue de l’énergie Amina Benkhadra, qui a effectué début avril le déplacement à Hassi R’mel afin d’explorer la coopération dans les domaines de l’énergie. Sur le front sécuritaire, le Général Mohammed Médiène « Tewfic », patron des services de renseignement algérien, le DRS, cultiverait ces derniers temps ses liens « historiques » avec une grande famille marocaine originaire d’Oujda. A un membre éminent de cette dernière, qui est son « ami de trente ans », il aurait confié son souhait de voir « le Maroc et l’Algérie se rapprocher, afin de construire l’avenir ensemble ». Cette réaction a été jugée plus que surprenante, émanant de celui qui était considéré jusqu’à aujourd’hui comme le grand manœuvrier des réseaux algériens sur le Sahara Occidental. Côté palais de la Mouradia, Abdelaziz Bouteflika-malgré sa fatigue physique affichée lors de son dernier discours aux relents « Brejnevien »- n’arrête pas de donner des gages d’ouverture à ses relais au sein du Royaume Chérifien, dont des membres de la garde rapprochée de Hassan II, dont il est resté très proche. Gage de ce nouvel activisme, les démarches discrètes entreprises par le richissime homme d’affaires parisien Prosper Amouyal, propriétaire de « Lalique » et intime de Bouteflika, qui souhaiterait développer son business au Maroc. Autre activiste forcené du rapprochement Maroc-Algérie, le magnat algérien Issad Rebrab, qui, depuis qu’il est orphelin de son parrain le général Larbi Belkheir, est sous un feu médiatique sur fond de suspicion de manipulation des prix des matières premières. Rebrab envisagerait de se diversifier en investissant au Maroc, et aurait touché plusieurs partenaires potentiels….