Maroc: au nom de Bakr Bin Laden, un «seigneur» égyptien ressuscite le féodalisme à Ben Slimane

Le féodalisme a été banni partout dans le monde. Sauf à Ben Slimane, province dans la région de Casablanca ou un «seigneur» égyptien fait la pluie et le beau temps et fait surtout fi des législations marocaines.

Une ascension fulgurante

Ce ressortissant égyptien, de modeste condition, a été embauché comme simple salarié au service de la famille Bin Laden en Arabie Saoudite.

Bakr Bin Laden, le demi-frère du célèbre chef d’Al Qaeda, le prend en sympathie et le ramène au Maroc à Ben Slimane où il disposait d’une ferme couvrant aujourd’hui plusieurs centaines d’hectares dans la localité de Jemaât Fdalat.

«Au début, il s’occupait des écuries et des étables», nous raconte une source qui le connaît très bien pour avoir souffert de ses agissements.

Avec les déboires de Bakr Bin Laden, arrêté en novembre 2017 lors de la rafle ordonnée par le Prince héritier MBS et qui est toujours interdit de quitter l’Arabie Saoudite (il porte un bracelet électronique), le ressortissant égyptien se voit pousser des ailes.

De simple salarié, il est devenu un véritable nabab de la région où tout le monde l’appelle Al Misri (L’égyptien). Une fois qu’il a pris en main, non sans verser dans une série de fraudes, commence alors la descente aux enfers pour les ouvriers marocains, pour la plupart embauchés parmi les populations locales.

Au-dessus des lois?

Mauvais traitements, salaires toujours en retard de plusieurs mois et intimidations sont devenus le lot des ouvriers dont certains ont choisi de saisir la justice.

«D’autres n’ont pas osé car ils craignent la colère de ce ressortissant égyptien et effectivement il lui arrive de mettre ses menaces à exécution pour fabriquer un dossier envoyer un pauvre ouvrier en prison», nous raconte un habitant de cette localité agricole.

«Il répète à qui veut l’entendre qu’il a le bras très long et à voir ce qu’il a entrepris, on a tendance à le croire sur parole», ajoute la même source.

Quant au ressortissant égyptien, il nous a été impossible d’entrer en contact avec lui, étant en Egypte depuis plusieurs mois et d’où il est rentré récemment.

Hyper-protégé par qui?

Le «seigneur» de Ben Slimane, pour assurer ses arrières, s’est mis à multiplier les partenariats et la création d’entreprises avec de puissants notables marocains. C’est ce qui lui permet de se croire au-dessus des lois nationales. Il dit autour de lui qu’il a des entrées partout et même à un très haut niveau.

«Dernièrement, il a carrément mis la main sur les retenues de deux barrages de cette localité qu’il a intégrés dans la ferme qu’il gère», témoigne un agriculteur de Ben Slimane qui s’interroge sur le silence suspect des autorités de la région.

Evidemment, avec cet acte illégal, ce sont les autres agriculteurs de la province qui trinquent dans ce contexte de stress hydrique que vit le pays.

Aujourd’hui, les riverains de cette ferme et les ouvriers demandent à ce que justice soit faite et que ce ressortissant égyptien rende des comptes pour ses agissements.

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