Maroc. La DGED au cœur d’un grand scandale financier en Espagne, selon El Mundo

Détournement de grandes sommes d’argent en provenance du Maroc, fausses factures, agences de voyages fictives, petits indics rémunérés dans sans justificatifs, mélanges de genre entre épouses et responsables de la Dged…A lire l’enquête du quotidien espagnol El Mundo consacrée à la « couverture féminine du commerce des espions marocains en Espagne », on se croit dans un des romans d’espionnage de John Le carré.

En effet, un tribunal catalan saisi par Mimoun Jalich, nouveau patron  de l’Union des centres culturels islamiques de Catalogne (Uccic) qui regroupe plus de 70 mosquées catalanes, diligente une enquête sur l’origine des financements reçus par cette institution fondée à l’origine par Noureddine Ziani, un agent de la Dged expulsé en 2013 par les autorités ibériques pour avoir « mis en danger la sécurité intérieure espagnole ».  Et c’est justement ce même Noureddine Ziani et son épouse Atiqa Bouhouria qui se retrouve au milieu d’un grand scandale qui éclabousse le prestigieux service de renseignement marocain et met à nu ses réseaux installés en Espagne depuis de longues années.

Noureddine Ziani,  a été chargé par la Dged, de mettre sur place un réseau d’informateurs et de quadriller en même temps les mosquées  les plus en vue dans la péninsule ibérique. Pour parvenir à ses fins, l’agent marocain avait besoin d’argent… de beaucoup d’argent qui provenait du royaume chérifien. Et cet argent, on parle de plus de 2 millions d’euros par an, transitait par Aya Travels Tours, une agence de voyage située dans la localité de Mataró dans la banlieue de Barcelone. Le hic est que cette agence de voyage est la propriété de trois femmes que rien en apparence ne semble réunir. Il s’agit d’Atiqa Bouhouria épouse Ziani, de Naima Lamalmi dentiste à Rabat et épouse de Mohamed Belahrach, une grosse ponte de la Dged et de Naziha El Montasser qui n’est autre que la femme d’Abdallah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger. Fait troublant. Les trois maris, Ziani, Belahrach et Boussouf, ont quant à eux une autre agence de voyage, Elysée Travels sise à Rabat.

D’après les fuites de l’enquête judiciaire révélées par El Mundo, « toutes ces agences sont des sociétés fictives qui servaient à détourner une partie de l’argent en provenance du ministère de Habbous et des Affaires islamiques vers l’Uccic. Des transferts auraient été faits depuis le compte de l’Uccic vers Aya Travels et une partie de ces sommes d’argent revenaient au Maroc à l’agence de voyage Elysée Travels, propriété de Ziani, Belahrach et Boussouf ».

D’après El Mundo, « Ziani a donc mis en place tout l’échafaudage en Catalogne. Boussouf et Belahrech ont envoyé des fonds publics sous forme de subventions et leurs femmes les ont blanchies pour que l’argent retourne dans les poches de leurs maris ». C’est la chaîne qui apparaît dans les documents (comptes de l’Uccic, virements bancaires, retraits en espèces et procédure devant un tribunal de Barcelone), à laquelle le quotidien madrilène a eu un accès exclusif. Le port de rose a été découvert en 2015, lorsque les personnes qui ont pris le contrôle de l’Uccic après l’expulsion de Noureddine Ziani, ont procédé à un audit des comptes e l’association (de 2012 à 2015) après avoir vérifié que presque tout l’argent qu’ils ont reçu du Maroc n’a pas été utilisé aux fins énoncées dans leurs statuts.

Mais à combien s’élève la totalité des sommes détournées ? Impossible d’avoir une réponse exacte, rapporte le journal espagnol qui évoque une multitude de comptes bancaires au nom du couple Ziani-Bouhouria, notamment à la banque Populaire, à la Caixa, à la Deutsch Bank et à ING compliquant les investigations judiciaires.

Les répercussions de ces fuites sont dévastatrices sur l’architecture mise en place par la Dged, non seulement en Catalogne, mais également dans les autres régions espagnoles et dans d’autres pays comme la Belgique, la France et les pays-bas. D’autres structures créées par Noureddine Ziani et sa femme Comme la Fédération des entités des centres culturels islamiques de Catalogne, le haut-commissariat de la culture islamique ou l’Union des centres culturels de Catalogne sont aujourd’hui sous la loupe des services espagnols.

Cette affaire est un coup dur porté au renseignement marocain en Europe. S’agit-il d’un règlement de compte entre les services des deux pays ? Est-ce encore une « manigance » imaginée par les cercles anti-marocains espagnols ? Ou tout simplement de la voracité d’agents de renseignement marocains qui ont « vécu comme des rois avec de l’argent public destiné à combattre le jihadime ? ». Quelle que soit la réponse, le mal est déjà fait.

 

 

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