Moussa Koussa : les deux faces de Janus

Ceux qui l’ont fréquenté gardent de lui le souvenir d’un personnage cultivé, multilingue et affable.

L’homme donne de lui plus l’image d’un diplomate que d’un homme du renseignement. Moussa Koussa, qui vient de réussir à isoler la Suisse sur la scène européenne a été nommé en 2009 par le guide de la révolution ministre des Affaires étrangères après avoir officié pendant 15 ans  comme chef des services de sécurité et du renseignement extérieur de la Libye. Moussa Koussa qui est l’un des hommes clés de la Jamahiriya est né en 1950 à Tripoli.Il n’est issu d’aucune grande tribu libyenne, mais d’une famille modeste. Après des études en Libye, il décroche en 1978 un diplôme de sociologie de la très réputée université du Michigan. De 1979 à 1982, il sera responsable de la sécurité des ambassades libyennes pour l’Europe du Nord avant d’être expulsé de Londres où il a eu le rang d’ambassadeur. De retour en Libye, il parfait sa connaissance du monde du renseignement sous la férule du colonel Younes Belgasim. En 1994 c’est la consécration pour ce fidèle de Kadhafi. Après avoir brillé dans la gestion de « Al-Mathaba Al Thaouriya Al Alamia », il est porté à la tête des services des renseignements et chargé de prendre en main « l’initiation politique » de Seif-El Islam Kadhafi. Les deux hommes vont faire équipe dès la fin des années 90 pour coordonner avec les Américains et les Britanniques la lutte contre le terrorisme et préparer le retour discret de la Libye dans le concert des nations. Moussa Koussa à a  son actif également la participation active au règlement de l’affaire de « Lockerbie » et l’arrêt du programme libyen de production d’armes de destruction massives, négocié à Londres lors d’un dîner très discret avec son homologue britannique. Ce parcours fait de l’actuel ministre des Affaires étrangères libyens l’un des hommes clef de la Jamahiriya. Même si plusieurs observateurs le déchargent de toute responsabilité dans la vaste opération baptisée « chiens errants » qui s’est soldée par l’exécution à l’étranger de certains opposants (opération attribuée à Abdallah Senoussi, Abdallah Ibrahim et Abdesalam Al Zedma), persistent encore quelques zones d’ombres portant notamment sur son passage au sein des ambassades libyennes en Europe qui coïncidaient avec les heures les plus sombres de la chasse aux opposants du « guide » en Occident. Ange ou démon ? Moussa Koussa tient certainement des deux, mais même ses adversaires les plus implacables reconnaissent à l’homme un sens du timing et un flair absolument irremplaçables dans la configuration actuelle. De même, son passé dans le renseignement où il s’est forgé une légende d’ « homme qui ne dort jamais », lui permet dans ses nouvelles fonctions de régler certaines questions délicates en activant ses réseaux dans le monde discret-mais puissant- de l’espionnage international…

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