Mustapha Ramid ou la malédiction des ministres d’Etat

D’un point de vu protocolaire, le titre de ministre d’Etat est des plus prestigieux. Politiquement, le portefeuille est important, mais dans les faits, au Maroc, le poste n’est pas une sinécure. C’est même au contraire le plus souvent une malédiction. Au cours des vingt dernières années, la fonction n’a pas toujours souri à ceux qui l’ont occupé. Le premier à a en avoir fait les frais fut Abbas El Fassi. Surnommé par la presse le ministre du « sac-à-dos », il a pendant les cinq années du mandat de Driss Jettou, été la risée des chroniqueurs. Une malédiction qui s’est poursuivie lorsqu’il a à son tour rejoint la Primature. Un mandat chaotique, notamment marqué en 2009 par des élections communales problématiques, puis un an plus tard par la crise de Gdem Izik. Abbas El Fassi ne survivra pas au mouvement du 20 février qui a écourté sa présence à la tête du gouvernement, avant qu’il ne cède le secrétariat général de l’Istiqlal à Hamid Chabat.
Il en a été de même pour Mohamed Elyazghi. Nommé ministre d’Etat en octobre 2007, il a depuis perdu l’estime des militants et la confiance des dirigeant de l’USFP qui, deux ans après sa désignation, le prient fermement de quitter la tête du parti. Désormais, Elyazghi bat les estrades des conférences et des rencontres sans gloire ni reconnaissance.
Promu ministre d’Etat en 2009, Mohand Laenser a connu une fin politique cruelle, malgré une tentative de rebond en 2012 lorsque le patron du Mouvement Populaire fut nommé ministre de l’Intérieur « sans portefeuille », disaient ses proches, avant d’occuper le petit ministère de l’Aménagement du territoire, puis celui par intérim de la Jeunesse et des sport. Aujourd’hui, et après une double débâcle électorale lors des dernières élections communales et législatives, Mohand Laenser se morfond à la présidence de la région Fès-Meknès, sans moyens ni prérogatives réelles.

Aujourd’hui, en un peu plus de deux mois, Mustapha Ramid a dilapidé tout le capital sympathie qu’il avait engrangé  auprès de l’opinion publique. Au PJD, il a vite perdu amis et soutiens, tandis que ceux qui chantaient ses louanges dans la presse marocaine le raillent désormais. Le tribun vif et querelleur s’est mu en un fonctionnaire brouillon et grincheux, se contentant d’alimenter sa page Facebook plutôt que de faire face aux journalistes. Triste passage à vide pour un politicien que l’on disait pétri de talent.

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